L'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a été nommé jeudi "émissaire conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie". Une conférence internationale sur la Syrie, boycottée par Moscou et Pékin, doit avoir lieu vendredi à Tunis.
M. Annan sera assisté par un "adjoint choisi dans la région arabe", précise le communiqué commun de Ban Ki-moon et de Nabil al-Arabi, respectivement secrétaires généraux de l'ONU et de la Ligue arabe. Le texte ne donne toutefois pas le nom de cet adjoint arabe.
L'émissaire sera chargé "d'offrir ses bons offices afin de mettre un terme à toutes les violences et les violations des droits de l'homme, et à promouvoir une solution pacifique à la crise syrienne", poursuit également le texte.
Ces questions seront à l'ordre du jour d'une conférence réunissant plus de soixante pays au total, dont la Suisse, vendredi à Tunis pour établir un plan d'aide humanitaire international au peuple syrien et accentuer la pression sur Damas.
Plus de 7000 tués au total
Organisée par la Ligue arabe, cette conférence internationale réunit tous les pays arabes et occidentaux impliqués dans le dossier, ainsi que les différentes composantes de l'opposition syrienne.
Mais la tâche risque d'être ardue, Pékin et Moscou, alliés du régime Assad, continuant de rejeter toute ingérence en Syrie et refusant de participer à la réunion de Tunis, après avoir bloqué deux résolutions à l'ONU condamnant la répression.
La conférence, qui devrait réitérer sa condamnation de la sanglante répression menée par le régime de Damas - plus de 7600 tués depuis onze mois, selon des ONG -, réaffirmera son soutien au plan de la Ligue arabe, qui prévoit les étapes d'une transition démocratique en Syrie.
Elle exhortera également l'opposition syrienne, fragmentée, à s'unir et se rassembler, et pourrait se diriger vers une reconnaissance a minima du Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition syrienne. Le CNS "a une représentation crédible" et "prouvera qu'il existe une alternative au régime d'Assad", a déclaré jeudi soir la cheffe de la diplomatie américaine Hillary Clinton.
Opposition évoquée par Clinton
Selon elle, renforcer l'opposition fait partie de "l'éventail des options" disponibles pour faire plier le président Assad.
"Les forces d'opposition vont être de plus en plus efficaces. Elles vont trouver, à un moment ou un autre, le moyen de se défendre et de lancer des offensives", a-t-elle dit.
La Maison Blanche a toutefois rappelé jeudi qu'armer l'opposition syrienne, comme l'ont souhaité d'influents élus du Congrès américain, n'était pas à l'ordre du jour, sans totalement fermer la porte à cette éventualité.
Vendredi sera une nouvelle journée à risque avec un appel des militants antirégime à manifester à travers le pays en solidarité avec le quartier de Baba Amr, le plus visé par les bombardements à Homs. Ces manifestations sont régulièrement réprimées par la force.
Demande prévue
Et à Homs, où le pilonnage de l'armée a fait des centaines de tués depuis le 4 février, la situation des habitants s'aggrave encore: plus d'eau, d'électricité, de médicaments, de farine ou encore de lait, selon les militants.
Devant cette crise humanitaire, la Croix-Rouge internationale (CICR) a appelé à des trêves quotidiennes pour permettre l'acheminement d'une aide, une proposition accueillie favorablement par le Conseil national syrien.
Le CNS a indiqué qu'il demanderait aussi à la réunion de Tunis la création de "zones de protection" mais sa porte-parole, Basma Kodmani, a jugé qu'une intervention militaire "pourrait bien être la seule option".
Soulignant le risque accru d'une guerre civile, près de 150 ONG dont Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) ont appelé la réunion de Tunis à "faire pression" pour mettre un terme aux violences.