L'émissaire Brahimi rencontre l'opposition alors que le pape Benoît XVI appelle au calme

Le nouvel émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi devait se réunir vendredi à Damas avec des membres de l'opposition tolérée par le régime. Cette rencontre intervient à la veille d'un entretien avec le président Bachar al-Assad, inflexible après 18 mois d'un conflit sanglant.

M. Brahimi, qui a débuté jeudi sa première visite en Syrie, devait s'entretenir avec une délégation du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes.

"Nous coopérerons avec (M. Brahimi) car la violence a atteint des niveaux (inouïs) et le peuple syrien souffre des tueries, des destructions et de l'exil", a déclaré Hassan Abdel Azim, porte-parole du CCND, toléré par le régime.

A son arrivée à Damas la veille, M. Brahimi avait estimé que la crise syrienne "s'aggravait", selon des propos rapportés par l'agence officielle Sana. Lors d'un entretien avec le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, l'émissaire, qui a succédé le 1er septembre à Kofi Annan, démissionnaire, avait souligné qu'il "n'épargnera aucun effort pour trouver une solution".

M. Mouallem l'avait de son côté assuré de "la pleine coopération de la Syrie pour faire aboutir sa mission", selon Sana. Le régime ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation qui a fait 27'000 morts depuis mars 2011 et qualifie de "terroristes" les opposants et militants.

Appel de Benoît XVI

Alors que les violences ont fait 125 morts jeudi et 18 vendredi, selon un premier bilan d'une ONG syrienne, le pape Benoît XVI, en visite au Liban, a appelé à mettre fin aux livraisons d'armes en Syrie.

"Au lieu d'importer des armes, qui est un pêché grave, il conviendrait d'importer des idées de paix, de créativité, d'amour du prochain", a-t-il affirmé vendredi à Beyrouth. Les rebelles ont réclamé à plusieurs reprises des armes à la communauté internationale.

Fin "inévitable" du régime

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé de son côté que le régime de Bachar al-Assad s'approchait de sa "fin inévitable". Il a souligné vendredi que le régime syrien était "dictatorial" et affirmé que "l'unique objectif (de la communauté internationale) est de faire en sorte que la Syrie devienne démocratique, dans le respect de son intégrité territoriale".

Le chargé d'Affaires américain auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Robert Wood, a par ailleurs estimé que la Syrie faisait preuve de "mépris" envers l'organisation, en refusant de coopérer sur un site nucléaire présumé et non déclaré par le pays.

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a pour sa part reçu vendredi une délégation de l'opposition syrienne emmenée par un responsable du Conseil national syrien (CNS). Il s'est entretenu avec eux des moyens de mettre fin au conflit, exhortant ses interlocuteurs à "s'inspirer de l'expérience que l'Irak a acquise dans les périodes de changement".

Aéroport attaqué

Sur le terrain, les combats faisaient rage vendredi. A Alep (nord), les rebelles continuaient d'opposer une forte résistance à l'armée, malgré les bombardements de leurs bastions, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Et dans la province d'Alep, les insurgés ont attaqué une nouvelle fois l'aéroport Menagh, principale base aérienne de la région.

A Damas, où M. Brahimi se trouvait, l'ONG a fait état de "violents combats", notamment dans deux quartiers sud. Trois importantes déflagrations ont également été entendues en matinée, selon des habitants, qui ont précisé que des hélicoptères survolaient la capitale.

Et comme tous les vendredis, des manifestations hostiles au régime ont eu lieu dans la plupart des régions de Syrie.