Washington a appelé ses alliés à mieux combattre sur Internet la propagande des jihadistes, très actifs sur les réseaux sociaux. La coalition conduite par les Etats-Unis a dans le même temps de nouveau bombardé des positions du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et Irak.
Réaffirmant que la solution ne pouvait être que militaire, le général à la retraite américain John Allen, coordinateur de la coalition, a insisté lundi sur l'importance de lutter contre "les activités en ligne" de l'EI.
Le mouvement ultra-radical sunnite ne sera "véritablement vaincu qu'une fois que la légitimité de son message aux jeunes vulnérables sera niée", a-t-il affirmé lors d'une réunion internationale à Koweït. Rick Stengel, sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires publiques, a appelé à créer "une coalition de l'information qui agisse parallèlement à la coalition militaire".
Les participants à la réunion, des représentants de pays du Golfe, d'Irak, d'Egypte, de Grande-Bretagne et de France notamment, se sont engagés à renforcer la lutte contre les messages extrémistes de l'EI, selon le communiqué final. Sans donner de détails.
L'EI a enrôlé des milliers de volontaires au jihad en provenance de nombreux pays arabes, mais aussi européens ou asiatiques. Ils rejoignent ses rangs en Syrie ou en Irak, où le groupe a créé un "califat" dans les vastes zones sous son contrôle. Nombre d'entre eux ont été attirés par les campagnes sophistiquées lancées par les recruteurs sur les réseaux sociaux.
Les raids s'enchainent
Sur le plan militaire, la coalition a effectué onze raids en deux jours, a indiqué lundi le commandement central de l'armée américaine. Quatre ont eu lieu sur les positions de l'EI autour de Kobané, ville kurde en Syrie assiégée depuis 40 jours. Aidés par ces frappes, les Kurdes ont réussi à repousser les dernières offensives des jihadistes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
L'incertitude entoure toujours l'arrivée dans cette villes ces prochains jours de peshmergas, les combattants kurdes irakiens. "Nous sommes prêts à les envoyer", mais "nous attendons de savoir quelle position adopte l'Etat turc", a déclaré Moustafa Qader. Celui-ci dirige le ministère en charge des peshmergas à Erbil, principale ville de la région autonome du Kurdistan irakien.
La Turquie a récemment créé la surprise en autorisant, sous la pression des Etats-Unis, le passage par son territoire à des peshmergas se rendant à Kobané.
Proche du barrage de Mossoul
Ailleurs en Syrie, le Front Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie, et des brigades rebelles ont lancé à l'aube une vaste offensive contre Idleb, selon l'OSDH. La ville est l'un des derniers bastions du régime dans le nord-ouest du pays.
Les sept autres opérations de la coalition ont été menées en Irak. Trois d'entre elles ont visé des positions proches du barrage de Mossoul, où une petite unité de l'EI a été touchée.
Dans ce pays, au moins 27 personnes sont mortes dans un attentat à la voiture piégée dans une zone stratégique au sud de Bagdad. Selon des sources militaires et policières, l'attaque a aussi fait 60 blessés dans les rangs des combattants chiites, qui ont aidé les forces irakiennes à reprendre la ville dimanche.
Détournement de l'aide humanitaire
Au niveau humanitaire, un responsable de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a dénoncé le détournement de l'aide internationale par l'EI dans les régions de l'Irak sous son contrôle.
Hesham Youssef, secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires de l'OCI a précisé que des groupes armés empêchent sa distribution et que d'autres cherchent à en tirer avantage."L'aide est distribuée comme si elle elle provenait de l'EI", a-t-il ajouté.
L'ONU estime que près de 3,6 millions d'Irakiens vivent dans des zones qui ne sont pas sous contrôle gouvernemental, dont 2,2 millions ont d'urgence besoin d'aide à l'approche de l'hiver. "La communauté internationale doit accroître son aide", a déclaré le directeur du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU à Genève Rashid Khalikov.