La droite remporte les élections en Norvège

Après huit années dans l'opposition, les conservateurs norvégiens d'Erna Solberg ont remporté lundi les élections législatives sur la promesse de baisser les impôts et d'améliorer le système de santé.

10 sept. 2013, 06:48
norway

La conservatrice Erna Solberg est pressentie pour prendre les rênes de la Norvège après la victoire de la droite aux législatives de lundi. 

Alors que 76% des bulletins de vote étaient dépouillés, les Conservateurs et leurs trois alliés, le Parti du progrès (droite populiste), les démocrates-chrétiens et les libéraux (centre-droit), devraient obtenir 96 des 169 sièges du Parlement monocaméral, onze de plus que la majorité.

"Aujourd'hui, les électeurs ont donné une victoire historiquement forte au centre droit. Nous allons donner à ce pays un nouveau gouvernement", a déclaré, en larmes, Erna Solberg, qui devrait devenir la prochaine cheffe du gouvernement.

Au pouvoir depuis 2005, la coalition de centre-gauche du Premier ministre travailliste Jens Stoltenberg n'est, elle, créditée que de 72 sièges. M. Stoltenberg a rapidement reconnu sa défaite. Il a annoncé qu'il présenterait sa démission après la présentation du budget le 14 octobre pour peu qu'une nouvelle majorité parlementaire soit prête.

Difficile entente

Les quatre formations de droite doivent en effet encore s'entendre sur une plateforme de gouvernement dans les semaines à venir. Or, le "bloc bourgeois" est très hétéroclite, regroupant des partis dont les vues divergent sur de nombreuses questions comme l'immigration ou le climat.

"La différence entre Progrès et les partis du centre est grande", commente Johannes Berg, chercheur à l'Institut de la recherche sociale. "La constitution d'un gouvernement est possible, mais ce sera très difficile."

Depuis le choc provoqué par le massacre commis par Anders Behring Breivik en 2011 sur l'île d'Utoya, le Parti du progrès, dont le tueur fut autrefois membre, a adouci le ton qu'il emploie.

Ce changement d'attitude n'a pas suffi à balayer les réticences des démocrates chrétiens et des libéraux, qui jugent les positions du Parti du progrès beaucoup trop radicales sur les questions d'immigration et de dépenses publiques pour l'inclure dans une coalition gouvernementale.

Possible gouvernement minoritaire

Erna Solberg pourrait donc se trouver dans l'obligation de diriger un gouvernement minoritaire. La Norvège est habituée aux gouvernements minoritaires qui sont pourtant stables, notamment parce qu'il n'est pas possible d'organiser des élections anticipées.

La Norvège, qui bénéficie d'une industrie pétrolière offshore florissante, est l'un des rares Etats en Europe à ne pas sentir les effets de la crise avec un revenu de 100'000 dollars par habitant. Toutefois, la croissance s'est ralentie.

Défaillances des autorités

Après huit années aux commandes, une longévité rarissime en Norvège, la gauche a été victime d'une usure du pouvoir mais aussi des défaillances des autorités apparues lors des attaques de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik.

Héros d'une nation meurtrie qui avait trouvé les mots justes en promettant "plus de démocratie" et "plus d'humanité" face à l'horreur, M. Stoltenberg a ensuite vu son image écornée par le rapport d'une commission indépendante qui avait conclu que les attaques auraient pu être évitées et que Breivik aurait pu être arrêté plus tôt.

Ilot de prospérité, la Norvège attire les étrangers: 70'000 d'entre eux y ont immigré l'an dernier, dont 25'000 non-Européens, gonflant rapidement la population qui compte un peu moins de 5,1 millions d'individus.

Travaillistes, principal parti du parlement

Malgré la défaite électorale de la coalition qu'ils dominent, les travaillistes restent le principal parti au Parlement, avec 55 mandats à ce stade contre 47 pour les conservateurs.

En cas de zizanie au sein de la droite, il pourrait faire valoir sa taille pour rester au pouvoir à la tête d'un gouvernement minoritaire.

"Erna de fer" pour un changement sans révolution 

Erna Solberg  manie tact et fermeté, deux qualités indispensables pour composer avec les exigences souvent antinomiques de ses alliés probables, la droite populiste et le centre-droit.

Cent ans après avoir accordé le droit de vote aux femmes, la Norvège s'apprête donc une nouvelle fois à confier son destin à une femme quelques décennies après Gro Harlem Brundtland, égérie du parti travailliste et Premier ministre à trois reprises dans les années 1980 et 1990.

Pour Erna Solberg, 52 ans, ce sera la consécration d'une carrière tout entière consacrée à la politique. Native de Bergen, cité hanséatique de l'ouest du pays, cette femme blonde et corpulente est devenue députée à 28 ans après de longues années d'études de science politique et d'économie.