Paris a en outre interdit l'entrée en France de quatre prédicateurs musulmans invités à cette manifestation.
«Nous regrettons que l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) ait choisi d'inviter Tariq Ramadan, dont les positions et les propos sont contraires à l'esprit républicain, ce qui ne rend pas service aux musulmans de France», ont indiqué les ministres français de l'Intérieur Claude Guéant et des Affaires étrangères Alain Juppé.
L'intellectuel et islamologue Tariq Ramadan est le petit-fils de Hassan al-Banna, le fondateur de la confrérie des Frères musulmans.
«Alors que la France est frappée par des extrémistes qui l'attaquent au nom d'idéologies ou de croyances dévoyées, il est capital que ces libertés s'exercent dans le cadre de la loi et dans le respect des valeurs fondamentales qui sont les nôtres», ont précisé les deux ministres dans un communiqué diffusé jeudi.
Ramadan réagit
Le texte fait référence aux sept assassinats commis à Toulouse et Montauban, dans le sud-ouest, par Mohamed Merah.
Tariq Ramadan a réagi jeudi dans un communiqué: «Ces décisions sont plus symboliques que cohérentes et logiques», explique-t-il. Il fustige «l'amalgame» fait en France entre «des savants musulmans de renommée mondiale» et les «dérives extrémistes de groupuscules que ces derniers (les savants musulmans) ont eux-même condamnées».
La prise de position du gouvernement français «entretient le populisme», poursuit-il. Avant d'affirmer: «Il ne fait plus bon être musulman, ou accessoirement un Arabe 'apparemment musulman'». Il parle également de «surenchère» à l'approche des élections.
Sous l'éteignoir
Si la présence du ressortissant suisse n'a pas été formellement proscrite, le gouvernement français a refusé ou retiré la possibilité de venir en France à l'ancien grand mufti de Jérusalem Akrima Sabri, au saoudien Ayed Bin Abdallah Al Qarni, à l'imam égyptien Safwat Al Hijazi et à l'imam saoudien Abdallah Basfar.
Leurs positions et propos «dans le contexte actuel, représentent un fort risque de troubles à l'ordre public», précise le communiqué.
Selon une source gouvernementale française, Paris accuse par exemple l'ancien mufti de Jérusalem d'avoir dit que «des centaines de femmes sont prêtes à se sacrifier ou à sacrifier leurs propres enfants» pour la cause palestinienne.
Deux autres personnalités, le prédicateur égyptien Mahmoud Al Masri et le célèbre prédicateur qatari d'origine égyptienne Youssef Al-Qaradaoui, déclaré indésirable en France par le président Nicolas Sarkozy, ont quant à elles «renoncé à venir» au congrès de l'UOIF prévu du 6 au 9 avril en banlieue parisienne.
Mise à l'index
Dans un communiqué publié jeudi, l'UOIF déplore la décision du gouvernement français qui «blesse profondément la communauté musulmane car elle renforce l'amalgame dans l'opinion publique».
«L'interdiction de la venue de ces personnalités hautement respectées par les musulmans du monde entier risque d'approfondir le sentiment des musulmans de France d'être mis à l'index et traités à travers les préjugés», s'inquiète encore l'UOIF.