Au 25e jour du procès où il est jugé pour la mort de 77 personnes, Breivik a de son côté stupéfié l'audience en rendant un hommage appuyé à la police, critiquée pour sa présumée lenteur à l'appréhender, soulignant qu'elle avait fait le maximum dans des circonstances difficiles.
Chef des opérations de la police locale, Haavard Gaasbakk a expliqué à la Cour qu'il avait échangé quelques mots avec l'extrémiste de droite en lui passant les menottes.
«Ce n'est pas vous que je vise. Je vous considère comme des frères. C'est un coup d'Etat : je dois sauver la Norvège de l'islamisation», déclare Breivik, allongé au sol, au policier, agenouillé sur son dos.
L'extrémiste, aujourd'hui âgé de 33 ans, déguisé en policier, vient alors d'ouvrir le feu sur un camp d'été de la jeunesse travailliste sur l'île d'Utoeya, faisant 69 morts, juste après avoir fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, provoquant la mort de huit autres personnes.
Un homme calme
Haavard Gaasbakk dépeint un homme calme, en apparence en pleine possession de ses moyens --alors que sa santé mentale est au coeur du procès--, s'exprimant comme un militaire «de façon nette et concise» et qui veut ouvrir «des négociations» le plus rapidement possible.
Immédiatement après son arrestation, Breivik se plaint aussi d'une petite coupure à l'index et demande un pansement. Haavard Gaasbakk lui répond alors : «ce n'est pas la priorité, regarde autour de toi». Utoeya est encore jonchée de dizaines de corps.
Le premier interrogatoire a lieu sur l'île que des policiers passent au peigne fin à la traque d'éventuels complices, survivants et victimes.
Breivik se montre coopératif mais menaçant, assurant qu'Utoeya n'est qu'»un feu d'artifice» et que «si on veut sauver de nombreuses vies, il faut qu'on l'écoute», a témoigné vendredi Oerjan Tombre, le policier qui a conduit l'audition.
Mais ce dernier le dépeint aussi comme apeuré au début, croyant qu'il va être exécuté sur le champ, qu'il va mourir de déshydratation, qu'on va tuer sa mère et qui se plaint encore de sa légère coupure au doigt sur laquelle on finit par mettre un pansement.
Facétieux également. Il refuse d'abord qu'on le prenne en photo puis, débarrassé de ses vêtements crasseux, pose en sous-vêtements «un peu à la façon d'un body-builder», a relaté Oerjan Tombre.
Mention de cellules
Autorisé à prendre la parole en fin de séance, Breivik a estimé que ces anecdotes n'étaient pour certaines que des «bagatelles» qui ne sont «pas représentatives d'une discussion de huit heures».
Soulignant qu'il n'avait jamais été pris en flagrant délit de mensonge par les enquêteurs, il a réaffirmé faire partie d'un réseau aux cellules bien réelles et répété que de nouvelles attaques suivraient.
La police décrit l'arrestation de Breivik
Les policiers, qui ont arrêté Anders Behring Breivik le 22 juillet, ont décrit ce vendredi un tueur flegmatique mais déconcertant. Breivik leur a affirmé que la Norvège vivait un coup d'Etat tout en demandant un pansement pour une petite coupure au doigt.

Breivik a stupéfié l'audience en rendant un hommage appuyé à la police, critiquée pour sa présumée lenteur à l'appréhender.
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