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La Turquie lève son blocage de Twitter

Le gouvernement turc a levé jeudi son blocage très controversé du réseau Twitter ordonné il y a deux semaines pour enrayer la diffusion sur internet d'accusations de corruption. Cette mesure est intervenue au lendemain d'un arrêt de la Cour constitutionnelle jugeant la mesure illégale.

03 avr. 2014, 20:23
La course à la censure se poursuit en Turquie. Après Twitter, le gouvernement Erdogan a fait fermer Youtube.

"Conformément à la décision de la Cour constitutionnelle, la mesure bloquant l'accès au site Twitter.com a été levée. Une fois prises les mesures techniques nécessaires, le site sera rouvert aux utilisateurs", a indiqué le ministère turc dans un communiqué.

Sous pression depuis vingt-quatre heures, le ministère des Transports et de la Communication a finalement annoncé en fin d'après-midi la réouverture du site de microblogging à ses quelque 12 millions d'adeptes turcs. Le déblocage a aussi été évoqué par un proche du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Annoncée en pleine campagne électorale, cette interdiction, décrétée par M. Erdogan, a provoqué une avalanche de protestations, en Turquie comme à l'étranger, et nourri les critiques sur sa dérive autoritaire.

Avertissement lancé récemment

L'interdiction de la plateforme YouTube, décrétée il y a une semaine, restait toutefois toujours en vigueur jeudi.

Très attendue, la levée de l'interdiction a été immédiatement saluée par les internautes, avec ironie et prudence toutefois.

L'autorité turque des télécommunications (TIB) avait bloqué l'accès au réseau Twitter dans la nuit du 20 au 21 mars, sur instruction de M. Erdogan, décidé à en finir avec la diffusion quotidienne sur internet d'écoutes téléphoniques le mettant en cause dans un scandale de corruption. "Nous allons éradiquer Twitter", avait alors dit le Premier ministre.

Saisie par trois internautes, la plus haute juridiction turque a jugé mercredi à l'unanimité que le blocage de Twitter constituait une violation du droit constitutionnel à la liberté d'expression et ordonné son déblocage immédiat.

Critique par l'opposition

Une semaine plus tôt, un tribunal administratif d'Ankara avait déjà rendu un jugement identique, jamais suivi d'effet.

Même si l'arrêt de la Cour constitutionnelle était aussitôt exécutoire, le gouvernement turc a traîné les pieds et attendu vingt-quatre heures avant d'obtempérer.

Un député du parti au pouvoir, Mustafa Sentop, a indiqué que les autorités allaient "évaluer" la décision, provoquant une nouvelle rafale de critiques.

"La décision s'impose à tous, même au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui n'applique pas la loi", s'est indigné un député du Parti républicain du peuple (CHP), Sezgin Tanrikulu, en menaçant de saisir la justice.

Election évoquée

A l'étranger également, le département d'Etat américain ou le commissaire européen Stefan Füle ont eux pressé jeudi Ankara d'appliquer rapidement l'arrêt de la Cour.

Non content d'avoir bloqué Twitter, M. Erdogan a également bloqué le 27 mars la plateforme d'échanges de vidéo YouTube, après la diffusion de l'enregistrement d'une réunion confidentielle évoquant une éventuelle intervention militaire turque en Syrie à trois jours des élections municipales du 30 mars.

Le Premier ministre accuse ses anciens alliés de l'organisation dirigée par l'imam turc Fethullah Gülen, qui vit aux États-Unis, d'être à l'origine de ses fuites dans le cadre d'une "conspiration" destinée à lui nuire.

Malgré les accusations de corruption qui pèsent sur lui, son parti a très largement remporté les élections municipales de dimanche, ouvrant à M. Erdogan les portes de la présidentielle d'août prochain.

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