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Le fléau des médicaments "falsifiés" menace aussi l'Europe

La vente et la consommation de médicaments ''falsifiés'', dangereux pour la santé, commence à atteindre les pays développés. Ce commerce, qui constitue déjà un véritable fléau dans les pays en développement, est dénoncé par un rapport alarmant de l'Académie nationale française de médecine.

08 avr. 2016, 07:33
Le problème touche notamment les antibiotiques, les traitements contre le paludisme, les anticancéreux, les contraceptifs et le paracétamol.

Véritable fléau dans les pays en développement, les médicaments "falsifiés", dangereux pour la santé, n'épargnent plus désormais les pays européens. Ils commencent à toucher le continent, via surtout des produits vendus sur Internet, ont averti mardi des experts réunis à Paris.

Jusque récemment encore, les pays développés "se croyaient à l'abri", mais "brusquement, on se rend compte que des faux médicaments circulent", résume le Pr Marc Gentilini, co-auteur d'un rapport alarmant de l'Académie nationale française de médecine.

Au niveau mondial, toutes les classes de médicaments sont désormais concernées, note de son côté Pernette Bourdillon Estève, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les médicaments falsifiés, qui viennent pour la plupart de Chine et d'Inde, "comprennent les médicaments contrefaits mais également les médicaments de qualité inférieure, insuffisamment dosés ou qui contiennent d'autres substances que celles attendues et qui présentent un risque pour la santé", explique-t-elle.

Antibiotiques et anticancéreux

Elle cite le cas de récentes alertes contre de faux vaccins contre la fièvre jaune et la méningite ou encore de faux médicaments contre l'hépatite C. Mais le problème touche également les antibiotiques, les traitements contre le paludisme, les anticancéreux, les contraceptifs et le paracétamol.

Aucun bilan fiable n'existe à ce jour sur les décès liés à la consommation de médicaments falsifiés. Selon Wilfrid Rogé, de l'institut de recherche anticontrefaçon des médicaments (IRCAM), les estimations vont de 700'000 à 2 millions de décès par an dans le monde.

Le rapport du Pr Gentilini a conduit six organisations professionnelles de santé françaises à signer mardi à Paris un manifeste pour réclamer une politique de prévention et de répression à l'échelle internationale.

"De simples opérations ''coups de poing'' dans les marchés des pays vulnérables ou des ''coups de filet'' spectaculaires s'avèrent insuffisants", soulignent les trois ordres des médecins, pharmaciens et vétérinaires et les trois académies de santé, dans ce document destiné à alerter l'opinion et les pouvoirs publics.

Sites Internet sauvages

Les pharmaciens et les médecins s'inquiètent des dangers de la vente des médicaments sur Internet, où coexistent quelque 300 sites légaux et des sites sauvages qu'il n'est pas toujours facile de distinguer.

Selon le directeur de l'inspection de l'agence du médicament (ANSM), Gaëtan Rudant, près des deux tiers des médicaments vendus sur des sites non-légaux n'ont pas "la qualité requise". Mais il reconnaît que fermer un site reste compliqué et que le "seul levier" est d'informer "les patients pour qu'ils soient au courant du risque".

Quant aux produits majoritairement achetés sur Internet, ils concernent notamment des produits illégaux comme les produits dopants, les hormones ou les coupe-faim, ou encore des médicaments contre les troubles de l'érection, que les patients préfèrent acheter en toute discrétion.

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