La Chine a fraîchement rejeté vendredi l'appel de l'administration américaine à la libération de militants de l'opposition. Ils avaient été interpellés à l'approche du 25e anniversaire de la répression du mouvement démocratique de la place Tiananmen.
Le département d'Etat américain a réclamé mercredi, par la voix d'une de ses porte-parole, la remise en liberté de l'avocat Pu Zhiqiang et d'autres militants arrêtés après avoir participé à une réunion consacrée à cet anniversaire.
"J'aimerais demander à cette porte-parole américaine quelles sont ses qualifications pour exiger ainsi du gouvernement chinois la libération de ressortissants chinois qui ont violé ou enfreint les lois et les règles chinoises", a répliqué la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.
"Ingérence" dénoncée
"Nous espérons que la partie américaine cessera ces discours et ces gestes déraisonnables qui constituent des ingérences dans les affaires intérieures et la souveraineté judiciaire de la Chine", a-t-elle poursuivi.
Le "Global Times", titre tabloïd qui appartient au "Quotidien du peuple", l'organe officiel du Parti communiste chinois, rappelle que Tiananmen est "la question politique la plus sensible en Chine". Pu Zhiqiang a "clairement franchi une ligne rouge" en participant à cette réunion de préparation du 25e anniversaire de la sanglante répression du 4 juin 1989, a-t-il souligné.
Pour l'artiste Aï Weiwei, dont Pu Zhiqiang est l'avocat, le signal envoyé par les autorités est clair: le gouvernement, a-t-il dit "veut interdire à quiconque de faire allusion de quelque manière que ce soit à ce qui s'est passé il y a 25 ans".
Politique répressive à l'endroit des dissidents
La journaliste Gao Yu, qui a travaillé pour les médias officiels durant sa carrière et a ouvertement soutenu le mouvement pro-démocratie en 1989, a été arrêtée elle le 24 avril, selon l'agence de presse Chine nouvelle, soit avant la réunion des dissidents.
Jeudi matin, la télévision publique chinoise CCTV a diffusé des images de la journaliste, le visage flouté, avouant les faits qui lui sont reprochés.
L'interpellation d'une demi-douzaine de militants illustre la volonté du pouvoir chinois de poursuivre sa politique répressive à l'endroit des dissidents.
"Pour les figures engagées dans l'activisme, l'année écoulée s'est accompagnée du sentiment palpable que les choses ont considérablement empiré", affirme Maya Wang, spécialiste de la Chine au sein de l'ONG Human Rights Watch (HRW).