Les Portugais en grève générale contre l'austérité

Les salariés portugais ont entamé jeudi une grève générale de 24 heures, la première en un an. Ils entendent ainsi protester contre la cure d'austérité imposée par le gouvernement en échange d'une aide financière de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).

24 nov. 2011, 13:17
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Les avions sont restés au sol, les trains à quai et les services publics tournaient au ralenti dans le pays de 11 millions d'habitants, où le chômage affecte 12,4% de la population active, au plus haut depuis les années 1980.

Le budget 2012 concocté par le gouvernement de centre droit de Pedro Passos Coelho, arrivé au pouvoir en juin, prévoit de nombreuses mesures profondément impopulaires en échange d'une aide de 78 milliards d'euros.

"Attaque mondiale"

"La grève est générale, l'attaque est mondiale", scandaient jeudi matin les membres d'un piquet de grève installé à l'aéroport de la capitale, par allusion à ce que les syndicats présentent comme une offensive mondiale contre les droits des travailleurs.

La justice a ordonné le maintien des services publics de base. A Oeiras, en banlieue de Lisbonne, la police a ainsi escorté les camions-poubelles pour qu'ils parviennent à franchir des cordons de grévistes. Aucun incident n'a été signalé.

Grave récession

Le Portugal est le troisième pays de la zone euro à avoir bénéficié d'un renflouement UE-FMI, après la Grèce et l'Irlande. Le précédent gouvernement socialiste s'est effondré en mars dernier après avoir tenté de mener son propre programme d'austérité sans aide internationale.

Le pays est désormais confronté à sa plus grave récession depuis le retour de la démocratie en 1974. Les projections actuelles du gouvernement prédisent une contraction du produit intérieur brut de 2,8% en 2012, contre 1,9% cette année.

Afin de diminuer le déficit budgétaire et l'endettement, qui atteint environ 80% du PIB, le gouvernement a ordonné la réduction des primes de fin d'année, la suppression des primes de congés et de fin d'année 2012 pour les fonctionnaires, la baisse des dépenses dans tout le secteur public, des hôpitaux à la télévision, et l'allongement de la durée de travail d'une demi-heure par jour.

Pas d'autre choix

Le Premier ministre Pedro Passos Coelho explique qu'il n'y aucun autre choix qu'une cure douloureuse d'austérité.

Les commentateurs soulignent que contrairement à un pays comme la Grèce, le mouvement social n'a eu jusqu'ici qu'une ampleur limitée et n'a pas basculé dans la violence.

La perspective de nouvelles mesures d'austérité, qui entreront pleinement en vigueur l'an prochain, pourrait cependant mobiliser davantage la population.

"Même si les gens acceptent en général la nécessité des mesures d'austérité, il y a un profond sentiment d'injustice concernant la répartition des sacrifices, en particulier dans le secteur public", note Elisio Estanque, sociologue à l'université de Coimbra.

Selon le plan élaboré par la "troïka" - UE, FMI, Banque centrale européenne -, le Portugal doit ramener son déficit budgétaire à 5,9% du PIB cette année, contre près de 10% en 2010, puis à 4,5% du PIB en 2012.