Le FC Chelsea de José Mourinho et ses stars auraient bien voulu montrer les crocs, se rassurer avant l'hiver. Ils sont tombés sur une équipe qui, hier soir, avait tout bonnement plus de football qu'eux dans les guibolles. Magistral. Absolument magistral!
Il fallait s'y attendre. Les Blues ont donné du canon d'entrée de cause, plaçant les Bâlois devant les réalités du terrain et de la Ligue des champions. Pas de place pour les essouflés dans ce match délicieux de rythme et d'envie. Bâle a flanché sous la première et folle pression des Anglais. Cap'tain Lampard lançait la troupe à l'abordage, Chelsea initiait une agitation permanente avec un Hazard en troublion de première et un Eto'o en station forte.
Obligé de défendre bas, le champion de Suisse concédait cinq corners dans le premier quart d'heure. Aucun dans le second. Parce qu'en très peu de temps - et quasiment jusqu'à la pause - les petits Suisses ont réussi hier une performance rare. En s'appuyant sur le travail subtil de leur milieu de terrain, ils ont coupé le gazon de Stamford Bridge sous les pieds des ogres qui hantent ces lieux. En numéro six classique, Fabien Frei assurait la stabilité et la relance du mouvement. En flotteur éblouissant, Diaz livrait un match de tout grand cru, avalant les espaces et les ballons avec un appétit glouton. Et Stocker, que l'on découvrait généreux et disponible, servait les couverts justes et surprenants qui faisaient mal à Chelsea, pas trop serein au fil du temps et des envolées d'un Salah, à droite (ah, s'il avait pris sa première chance à la 30e, plutôt que de tenter le crochet supplémentaire... )
Une illusion fatale
Oui, Bâle faisait son match. Plus que son match. Techniquement, les Rhénans chatouillaient sérieusement des Londoniens qui semblaient perdre de l'huile devant la belle sérénité du visiteur. Une aisance qui avait fini par éclipser Oscar, pourvoyeur préféré des attaquants bleus dans l'entame du match. Illusion d'optique sans doute. Illusion fatale. A l'heure où José Mourinho préparait son sermon, Oscar passait finement en première ligne pour transformer en or le caviar de Lampard. Non, il ne faut pas laisser ce seigneur-là se promener à 30 mètres ballon au pied...
Tout juste, de bout en bout
Bâle était mené au score, blessé dans son corps, et la deuxième mi-temps allait devenir forcément difficile. Libéré, Chelsea a remis, disons tenté de remettre un peu d'ordre dans son idée. Et le tranchant final dans ses actions. Bâle a souffert. Oscar, relancé par son but, touchait du bois d'un maître tir. Streller... sauvait sur sa ligne sur la tête d'Ivanovic et Sommer précédait Eto'o de justesse. Les courroies de transmission se sont rallongées dans un milieu de terrain bâlois moins porteur. Mais ce match était trop classe pour le laisser filer. Bâle avait moins de permanence, mais son courage, sa belle discipline, ce petit coup de plus dans le mouvement d'orfèvre, dans l'idée. Il nous a concocté une égalisation somptueuse. Safari qui cherche Delgado, une touche à Streller, une touche à Salah et une touche au fond des filets!
Du bonheur tout le temps
Contre le cours du jeu peut-être, mais pas contre le cours d'un match dramatique, émouvant et exceptionnel, on se répète, du champion de Suisse qui se créait du jeu et du bonheur dans toutes ses actions. Et qui passait l'épaule définitivement, via la tête perfide de Streller sur le corner de Delgado. Bâle a fait tout juste! Tout. Et tout le temps. Avec un brio de champion, une audace non helvétique. Murat Yakin a eu tout juste - introduction judicieuse de Delgado puis d'Ajeti - au point d'en lessiver une équipe britannique qui va encore faire couler beaucoup d'encre par ici...