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Louisiane: un ex-Black Panther atteint du cancer libéré après 42 ans

Herman Wallace, militant dans les années 70 du mouvement radical pour la défense des Noirs aux États-Unis, Black Panthers, a été libéré après 42 ans en prison pour un meurtre qu'il a toujours nié. Atteint d'un cancer en phase terminale, il pourra recevoir des soins adéquats.

02 oct. 2013, 08:04
Atteint d'un cancer, Herman Wallace a été libéré après 42 ans en prison.

Un ex-Black Panther souffrant d'un cancer en phase terminale, Herman Wallace, a été remis en liberté mardi soir sur décision de justice. Il est sorti de prison après plus de quarante ans d'enfermement à l'isolement pour le meurtre d'un Blanc qu'il a toujours nié.

Le juge Brian Jackson a ordonné mardi "la libération immédiate de M. Wallace", 72 ans, et annulé sa condamnation à la prison à vie, prononcée en janvier 1974, en pointant des irrégularités dans la sélection du jury, mais sans se prononcer sur le fond de l'affaire, selon le jugement dont l'AFP a obtenu une copie.

Le même juge a rejeté en début de soirée l'appel du procureur de Baton Rouge, en Louisiane, qui s'opposait à cette libération, permettant à Herman Wallace de recouvrer la liberté "pour la première fois en 42 ans", ont annoncé ses défenseurs par email.

"Ce soir, Herman Wallace a quitté les murs des prisons de Louisiane et pourra recevoir les soins médicaux que son cancer avancé du foie exige", a écrit son équipe de défense. Celle-ci a précisé que l'ex-prisonnier a été transporté dans une ambulance qui l'attendait depuis le milieu de l'après-midi.

Un ancien d'"Angola"

Wallace est l'un des "trois d'Angola" du nom de la prison d'Angola en Louisiane, réputée pour son passé raciste et baptisée ainsi car elle fut construite sur une ancienne plantation où les esclaves venaient de ce pays d'Afrique australe.

Ces trois prisonniers ont attiré l'attention internationale après avoir passé à eux trois plus d'un siècle à l'isolement pour le crime, en 1972, d'un gardien de prison blanc, qu'ils ont toujours nié et dont les preuves ont été une à une remises en cause.

Les trois hommes étaient alors membres des Black Panthers, le groupe radical luttant pour la cause des Noirs aux États-Unis, "à l'époque très impopulaire" en Louisiane, a récemment rappelé à l'AFP Carine Williams, une des avocats de Wallace: "C'est la raison pour laquelle ils ont été immédiatement soupçonnés", a-t-elle assuré.

Dossier relancé

Wallace, qui était écroué pour un cambriolage, avait été condamné à la prison à vie, de même qu'Albert Woodfox, toujours enfermé, et Robert King, qui a été libéré, blanchi après 29 ans de prison.

Avec la dégradation de l'état de santé d'Herman Wallace, ses avocats avaient demandé au tribunal fédéral à Baton Rouge de relancer le dossier au point mort depuis près de quatre ans, et Wallace lui-même a imploré la justice de le libérer avant sa mort.

Le juge Jackson l'a entendu, en renversant mardi sa "condamnation et la peine, en raison de l'exclusion systématique de femmes dans le grand jury qui l'avait reconnu coupable, en violation du 14e amendement de la Constitution qui garantit l'égalité devant la loi". Il a aussi ordonné à l'Etat de Louisiane de dire dans les trente jours s'il a l'intention d'inculper à nouveau le prisonnier.

Libération tardive

Amnesty International s'est félicitée de ce jugement, regrettant qu'il intervienne "tragiquement alors qu'Herman meurt du cancer avec seulement quelques jours ou heures à vivre". "Aucun jugement ne pourra effacer les conditions de prison cruelles, inhumaines et dégradantes qu'il a endurées", a déclaré Steven Hawkins, directeur d'Amnesty aux Etats-Unis.

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