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Madagascar: deux Européens tués par une foule en colère

Deux Français et un Malgache ont été lynchés par une foule en colère jeudi sur l'île de Nosy Be, à Madagascar. Ils étaient soupçonnés du meurtre d'un enfant de huit ans.

04 oct. 2013, 15:33
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Les traces des émeutes de la veille étaient toujours visibles vendredi sur l'île touristique de Nosy Be, à Madagascar, après le lynchage de trois hommes, dont un Français et un Franco-italien, accusés par la foule de l'assassinat d'un enfant. Les deux Européens ont été tués jeudi matin sur la plage d'Ambatoloaka, la principale station balnéaire de l'île.

"Je confirme le décès de deux ressortissants français sur Nosy Be", a dit Philippe Lalliot, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. "Nous comptons sur la justice malgache pour faire la lumière sur ces événements. Une enquête a été ouverte par les autorités malgaches et, selon nos informations, six personnes auraient été arrêtées", a-t-il ajouté.

Les deux Français étaient soupçonnés d'être responsables du meurtre d'un enfant de huit ans et de s'être livrés à des trafics d'organes. Ils ont été lynchés jeudi matin et leurs corps brûlés par une foule en colère. Le même jour dans la soirée, un troisième homme, un Malgache également soupçonné d'être impliqué dans la mort de l'enfant, a été tué par les émeutiers et brûlé.

Visa expiré

"Il paraît qu'un étranger a avoué les faits devant les habitants après la découverte d'un corps d'enfant inanimé sur la plage de Dar-Es-Salam et qu'il aurait désigné deux complices", selon le directeur général de la police malgache, Désiré Johnson Rakotondratsima. "Les habitants ont retrouvé l'un d'eux, un autre étranger."

Le Français était entré à Madagascar le 15 septembre avec un visa de tourisme de soixante jours, selon le chef de district Malaza Ramanamahafahy, qui a vu son passeport. Le document montre qu'il faisait de fréquents séjours dans le pays. La seconde victime avait la nationalité italienne. Son visa avait expiré et il se trouvait en situation irrégulière à Madagascar, a ajouté le responsable.

"Trafic d'organes"

Selon les premiers éléments de l'enquête, le Malgache était suspecté d'avoir auparavant vendu l'un de ses enfants. Malgré le retour au calme vendredi, la rumeur courait toujours qu'un quatrième homme, un propriétaire d'hôtel, est recherché par la population.

Les émeutiers soupçonnaient les trois hommes d'avoir mutilé la jeune victime, retrouvée selon la gendarmerie nationale sans organes génitaux et sans langue, pour se livrer à ce que l'on se contente d'appeler sur l'île "trafic d'organes", sans autre précision: trafic à but médical, pratiques locales de sorcellerie, ou simple fantasme collectif?

Tués par balles

Selon le chef de district, une délégation interministérielle est arrivée sur place, composée du secrétaire d'Etat à la gendarmerie Thierry Randrianazary, du ministre des Affaires étrangères par intérim Ulrich Andriantiana et du ministre de l'Intérieur Florent Rakotoarisoa. Ils ont rencontré les notables de la ville et les parents de l'enfant décédé.

Ensuite, "nous allons voir les familles des deux personnes tuées par balles", a indiqué le chef de district. Jusqu'à présent, les autorités n'avaient toujours fait état que d'un Malgache tué par balles, lorsque la gendarmerie avait ouvert le feu pour se protéger des émeutiers qui exigeaient la tête du meurtrier de l'enfant, mercredi soir. Trois d'entre eux avaient aussi été blessés.

"Vigilance maintenue"

Dans un communiqué, le président malgache de la transition, Andry Rajoelina, a condamné "d'une manière ferme et catégorique l'usage de la violence, notamment les actes de barbarie qui ont été perpétrés", et a lancé un appel au calme.

Le consulat de France a envoyé un message à ses quelque 700 ressortissants à Nosy Be ainsi qu'à la centaine de touristes s'y trouvant. Il confirme le retour au calme sur cette île paradisiaque, première destination touristique de Madagascar: "mesure de confinement levée de jour mais vigilance maintenue. Tous déplacements déconseillés dès la nuit tombée."

 
 
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