Parmi les détenus libérés figurent un autre ex-ministre du régime intégriste, Allah Daad Tabib, et plusieurs anciens gouverneurs, a indiqué lundi soir le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Moazzam Ahmad Khan. Il a précisé qu'il s'agissait de "faciliter le processus de réconciliation afghan".
Les autorités afghanes ont salué cette initiative. "La libération (de ces talibans) est un pas dans la bonne direction", a déclaré Ismail Qasimyar, un membre du Haut conseil afghan pour la paix, chargé entre autres de préparer des pourparlers de paix.
"Cela démontre que le Pakistan a tourné une nouvelle page afin de collaborer avec l'Afghanistan", a-t-il ajouté. Les relations entre Kaboul et Islamabad s'étaient en effet détériorées au cours des dernières années, le pouvoir afghan accusant notamment le Pakistan de servir d'héberger des réseaux talibans.
Déjà en novembre
Islamabad avait déjà libéré en novembre des talibans emprisonnés dans ses geôles à la demande des autorités à Kaboul qui veulent entrer en contact avec les insurgés afin d'assurer la stabilité du pays après le départ de l'essentiel des soldats de l'Otan fin 2014. Le Pakistan, considéré comme un acteur clé dans la réconciliation afghane en raison de ses relations historiques avec des chefs des talibans, avait alors élargi 18 détenus, selon M. Ahmad Khan.
Deux sources proches des talibans afghans dans le nord-ouest du Pakistan, région où sont installés de nombreux insurgés, avaient confirmé lundi la libération de quatre prisonniers tout en précisant que l'ancien numéro deux de la rébellion, Abdul Ghani Baradar, restait toujours sous les verrous. Baradar avait été arrêté en février 2010 à Karachi, la mégalopole du sud du Pakistan.
Crainte d'un retour au pouvoir
Les talibans avaient pris le pouvoir à Kaboul de 1996 à 2001 avant d'être délogés par une coalition internationale menée par les Etats-Unis.
Les soldats de l'Otan et leurs alliés des forces afghanes n'ont pas réussi depuis à mater l'insurrection d'où la crainte, exprimée par des observateurs, de leur retour au pouvoir des talibans après 2014 et l'appétit de Kaboul pour des pourparlers de paix avec les insurgés avant cette échéance.
Les talibans afghans refusent toutefois de négocier directement avec le gouvernement de Kaboul, qu'ils accusent d'être une "marionnette" des Etats-Unis.