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Paris: l'oeuvre de Paul McCarthy a été vandalisée, l'artiste renonce à la réexposer

Sapin de Noël ou sex-toy géant? L'installation sur la très chic place Vendôme à Paris d'une oeuvre polémique de l'Américain Paul McCarthy n'aura pas duré deux jours: vandalisée dans la nuit, elle ne sera pas réexposée pour éviter tout débordement.

18 oct. 2014, 20:05
La sculpture "Tree" de l'artiste américain Paul McCarthy a été gonflée jeudi sur la place Vendôme à Paris. Une création qui ne fait pas l'unanimité.

"Je ne veux pas être mêlé à ce type de confrontation et à la violence physique, ou même continuer à faire prendre des risques à cette oeuvre", a expliqué l'artiste, faisant part de son inquiétude de "potentiels débordements lors du remontage de l'oeuvre".

Baptisée "The Tree", l'immense structure de 24 mètres d'un vert éclatant, qui a été remballée samedi après-midi, était au centre d'une vive polémique. De l'aveu même de Paul McCarthy, 69 ans, elle peut autant, sinon plus, faire penser à un "plug anal" qu'à un arbre de Noël.

Foire internationale d'art contemporain
Erigée jeudi à titre provisoire dans le cadre de la programmation "Hors les murs" de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac) qui s'ouvre mercredi à Paris, elle a été vandalisée dans la nuit de vendredi à samedi.

Des inconnus ont d'abord débranché l'alimentation de la soufflerie qui maintenait la structure gonflable. Profitant de l'absence de l'agent de sécurité parti la rebrancher, ils ont ensuite sectionné plusieurs des sangles maintenant l'oeuvre, sans toutefois toucher à l'enveloppe elle-même. Les responsables ont alors choisi de dégonfler la structure, potentiellement déséquilibrée.

La Fiac avait dans un premier temps avait affiché son intention de réinstaller l'oeuvre. Sa directrice artistique Jennifer Flay, avait souligné que "The Tree" avait "reçu toutes les autorisations nécessaires (...), en lien avec le Comité Vendôme, qui regroupe les commerçants de la place", dont de nombreux bijoutiers de luxe.

Retour de la notion d'"art dégénéré"
L'acte de vandalisme a été dénoncé par la ministre française de la Culture: "On dirait que certains soutiendraient volontiers le retour d'une définition officielle de l'art dégénéré", a réagi samedi sur Twitter Fleur Pellerin, dénonçant "une atteinte insupportable à la liberté de création".

Le directeur de la collection Lambert, qui réunit des oeuvres d'art contemporain installées à Avignon, a pour sa part dénoncé des "gestes affligeants" nuisant à l'image de la France. McCarthy "est un grand artiste, reconnu dans le monde entier, on va encore passer pour un pays ringard", a regretté Eric Mézil, dénonçant une "intolérance extrêmement violente".

"Agression inadmissible" aussi pour la maire de la capitale. "Paris ne cèdera pas aux menaces de ceux qui, en s'en prenant à un artiste ou à une oeuvre, s'en prennent à la liberté artistique," a renchéri Anne Hidalgo.

Artiste giflé
C'est finalement l'artiste lui-même qui a jeté l'éponge. "Au lieu d'engendrer une réflexion profonde" sur les significations plurielles des objets, "nous avons assisté à de violentes réactions", a-t-il regretté. Pendant le montage de l'oeuvre, Paul McCarthy avait déjà été giflé par un inconnu qui avait réussi à prendre la fuite.

L'installation de l'oeuvre sur la très chic place Vendôme, haut lieu de la joaillerie de luxe, avait déclenché une polémique Certains outrés par l'oeuvre ont clamé leur indignation sur les réseaux sociaux, à l'instar du mouvement du "Printemps français", mêlant militants identitaires et catholiques traditionalistes, qui a vigoureusement tweeté: "Place Vendôme défigurée! Paris humilié!".

Un élu local de droite, Jérôme Dubus, avait demandé son retrait vendredi en tweetant: "'Plug anal' place Vendôme Anne Hidalgo (la maire socialiste de Paris) doit faire cesser cette provocation en retirant cette 'oeuvre d'art'".

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