Plusieurs villes d'Europe touchées par la grève des taxis

Plusieurs villes d'Europe ont vu mercredi leur trafic perturbé par la grève des taxis. Ces derniers protestent contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeurs qu'ils jugent déloyale.

11 juin 2014, 18:11
La société Uber est visée en particuliers par les grèvistes.

Les taxis de plusieurs villes d'Europe ont protesté mercredi contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC), en particulier celles de la société Uber. Le mouvement a notamment perturbé le trafic routier à Londres, Paris, Madrid, Rome ou Berlin.

Pour la première fois, le mouvement de grève est européen. Il est parti de Londres, où plusieurs milliers de "black cabs" ont convergé vers Trafalgar Square et Parliament Square, bloquant les rues alentour dans un concert de klaxons. Aujourd'hui, près de 25'000 "black cabs" et 53'000 VTC sillonnent Londres, soit un ratio d'environ 1 taxi pour 100 habitants.

S'ils ont l'habitude de cohabiter avec les VTC depuis longtemps, les taxis londoniens considèrent qu'Uber leur fait de la concurrence déloyale. Cette société américaine de location de taxis est éditrice de l'application numéro un pour la réservation de VTC dans le monde.

La start-up californienne est dans le collimateur de la répression des fraudes en France pour son service de covoiturage à but lucratif. La justice s'y intéresse aussi à Berlin et à Bruxelles.

A Barcelone, le gouvernement régional menace les conducteurs roulant pour cette société d'une amende pouvant aller jusqu'à 6000 euros (7300 francs). Ce qui ne l'empêchait pas de se faire de la publicité en France, offrant mercredi des rabais sur certaines courses.

"Opérations escargot"

Mercredi, des centaines de taxis ont organisé des "opérations escargot" en France. Plus de 500 ont roulé au ralenti dès 10h30 sur quelques autoroutes de la région parisienne. Ce fut notamment le cas sur celles menant à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et à celui d'Orly. La région de l'aéroport de Marseille-Provence était aussi concernée, ainsi que les villes de Nantes, Rennes et Rouen.

Ce mouvement de paralysie des voies d'accès aux aéroports coïncide avec une grève des cheminots. Celle-ci perturbe fortement le trafic régional et très partiellement les liaisons ferroviaires internationales.

Un meilleur encadrement

Après plusieurs mois de fronde des taxis français, un député a remis fin avril au Premier ministre un rapport visant à trouver une régulation acceptée aussi bien par les taxis que les VTC. Il préconise de permettre à ces derniers de se développer, mais en les encadrant mieux et en réservant aux taxis le privilège prendre des clients dans la rue, sans réservation.

Le député propose aussi de soumettre les chauffeurs de VTC à une formation et leur véhicule à un contrôle technique tous les six mois. Les fédérations de taxis regrettent l'absence de mesure forte visant à limiter la concurrence.

"VTC complémentaires"

Le patron d'Uber en France, Pierre-Dimitri Gore-Coty, a estimé une nouvelle fois mercredi que les VTC sont complémentaires des taxis. Il a assuré qu'ils répondent à un besoin de transport.

De son côté, le PDG de la société Allocab Yanis Kiansky parle d'une grève des "enfants gâtés du transport parisien urbain". Pour Dave Ashton, co-fondateur de Snapcar, elle est d'autant plus incompréhensible au niveau français que le rapport du député "est favorable aux taxis".