"La troïka et le gouvernement dehors", "le Portugal aux urnes", "élections maintenant", "démocratie participative", pouvait-il être lu sur les banderoles et les affiches portés par les manifestants.
A Lisbonne, le cortège des protestataires, fort de plusieurs milliers de personnes s'est ébranlé vers 17h00 (heure en Suisse) au son de la chanson "Grândola Vila Morena", reprise en coeur par les manifestants, la voix tendue d'émotion.
Cette chanson est devenue le symbole de la contestation au Portugal après avoir été l'hymne de la Révolution des Oeillets de 1974 qui a permis l'instauration de la démocratie.
Autre manifestation récente
Elle devait retentir simultanément dans la trentaine de villes du pays ou le mouvement apolitique "Que la Troïka aille se faire voir", comparable aux Indignés espagnols, a appelé à des rassemblements.
Ce mouvement a pour principale cible l'inspirateur des mesures d'austérité du gouvernement, c'est-à-dire la "troïka" (UE/FMI/BCE) représentant les créanciers du Portugal, actuellement à Lisbonne pour un nouvel examen des comptes du pays, sous assistance financière.
Le mouvement avait rassemblé le 15 septembre dernier des centaines de milliers de personnes à travers le pays.
Des rassemblements de soutien au mouvement portugais devaient avoir lieu à l'étranger, Londres, Boston, Paris, Madrid, Barcelone, notamment.
Plus de 95 milliards de francs
La manifestation de samedi est intervenue alors que la grogne sociale est à nouveau en hausse contre les mesures d'austérité mises en oeuvre par le gouvernement de centre-droit, en contrepartie du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros (environ 95,5 milliards de francs) accordé au Portugal par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) en mai 2011.
A Lisbonne, le défilé était d'autant plus important que de nombreux militants du principal syndicat portugais, la CGTP, y ont participé. Le cortège principal a également été rejoint par plusieurs "marées", c'est-à-dire autant de manifestations organisées par des enseignants, des professionnels de la santé, ou des retraités, parmi les plus touchés par les coupes budgétaires.
Même des militaires se sont joints au défilé. Après avoir procédé l'année dernière à des baisses des salaires et des retraites, le gouvernement a décrété cette année une hausse généralisée des impôts et prévoit des économies supplémentaires de 4 milliards d'euros par le biais d'une réforme de l'Etat.
A l'issue de leur examen les créanciers pourraient consentir à un nouvel allégement des objectifs budgétaires du gouvernement, de plus en plus difficiles à respecter, alors que l'économie devrait cette année reculer de 2 %, soit deux fois plus qu'envisagé précédemment, et que le chômage a atteint le taux record de 16,9 %.