Premier service religieux à l'église de Charleston depuis la tuerie

Un premier service religieux a rassemblé dimanche les paroissiens de l'église de Charleston. Mercredi, neuf fidèles noirs y avaient été abattus par un jeune suprématiste blanc.

21 juin 2015, 19:56
Parishioners Shakur Francis, left, and Karen Watson-Fleming sing at the Emanuel A.M.E. Church Sunday, June 21, 2015, in Charleston, S.C., four days after a mass shooting that claimed the lives of it's pastor and eight others. (AP Photo/David Goldman, Pool)

Durant ce service religieux dans l'Emanuel African Methodist Episcopal Church, les chants de gospel ont succédé au discours du révérend Norvel Goff qui a dénoncé le "diable" Dylann Roof, auteur présumé de la tuerie.

Quelque quatre cents personnes ont pu entrer dans l'église. Beaucoup d'autres venues exprimer leur solidarité aux familles des victimes ont dû rester à l'extérieur. Un important dispositif policier avait été déployé pour l'occasion.

Devant l'église, le trottoir était jonché de bouquets de fleurs, de peluches et de ballons déposés à la mémoire des victimes. Des milliers de messages ont en outre été rédigés sur des panneaux disposés à l'entrée.

Drapeau controversé

La tuerie a alimenté les haines raciales et relancé le débat sur la législation sur les armes à feu. Des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi devant le parlement de la Caroline du Sud à Columbia pour exiger le retrait du drapeau confédéré, symbole controversé du Sud des Etats-Unis.

Contrairement aux drapeaux américain et de la Caroline du Sud, il n'a pas été mis en berne, car cette décision nécessite l'approbation des élus locaux. "Descendez-le", a scandé la foule jeune et métissée, qui a aussi entonné "We Shall Overcome" ("Nous triompherons"), chant emblématique des marches pour les droits civiques des Noirs.

Pour Barack Obama, cité par un porte-parole, "le drapeau confédéré appartient au musée". L'ex-candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney a tweeté: "Descendez le drapeau confédéré du parlement de Caroline du Sud. Pour beaucoup, c'est un symbole de la haine raciale. Retirez-le maintenant, en hommage aux victimes de Charleston." "Bonne remarque, Mitt", lui a répondu M. Obama, toujours sur Twitter.

"Emprise" de la NRA

Le président américain a également dénoncé "l'emprise extrêmement forte" de la NRA, le lobby des armes à feu, sur le Congrès. Tant qu'elle restera aussi importante, elle empêchera tout contrôle plus strict des ventes d'armes dans le pays, a-t-il regretté.

Hillary Clinton, candidate démocrate à la Maison Blanche, a elle aussi réclamé une réforme de la législation sur les armes. Au même moment, deux nouvelles fusillades se sont produites samedi soir, à Detroit et Philadelphie, faisant un mort et seize blessés.

Un membre de la NRA, Charles Cotton, a toutefois soulevé une vague d'indignation sur les réseaux sociaux en reprochant au pasteur de l'église où le drame s'est produit de s'être opposé au port d'armes dans les lieux de culte.

Texte raciste

Dylann Roof s'était introduit dans une soirée de lecture biblique. Après avoir sagement assisté à une heure d'étude, il s'est levé et a ouvert le feu. Avant de passer à l'acte, il aurait dit, selon une survivante: "Vous avez violé nos femmes, et vous prenez le contrôle du pays. Je dois faire ce que j'ai à faire". Inculpé vendredi, il risque la peine de mort.

Un manifeste raciste et des photos qui le montrent posant avec une arme ou devant un musée consacré aux forces sudistes de la guerre de Sécession, ont été découverts samedi sur un site internet. Des vérifications sont en cours pour déterminer s'il en est bien l'auteur.

"Je n'ai pas le choix (...) J'ai choisi Charleston parce que c'est la ville historique de mon Etat et qui a eu à un moment le ratio le plus élevé de Noirs par rapport aux Blancs dans le pays", y écrit-il dans un texte raciste bourré de fautes d'orthographe.

"Nous n'avons pas de skinheads, pas de véritable KKK (Ku Klux Klan) (...) Quelqu'un doit avoir le courage de le faire dans le monde réel et j'imagine que cela doit être moi", ajoute l'auteur du texte avant de se lancer dans une série de diatribes racistes contre les Noirs "stupides et violents".