Les deux hommes devraient s'affronter au cours d'un deuxième tour le 16 novembre. "Je me réjouis du fait qu'un si grand nombre de Roumains ont confiance dans mon programme, qui vise à développer la Roumanie et à mettre fin à la discorde", a déclaré M. Ponta à son siège de campagne.
"Le résultat de Victor Ponta est supérieur au score qu'il visait", soit environ 37,5%, a affirmé le numéro deux des sociaux-démocrates, Liviu Dragnea. "J'appelle les Roumains qui ne veulent pas accorder tout le pouvoir à un seul parti à me soutenir", a de son côté lancé M. Iohannis, assurant qu'il "remporterait le second tour".
"Les jeux ne sont pas faits"
Trois candidats se disputent la troisième position, avec environ 5% des voix chacun. "Les jeux au second tour ne sont pas faits, beaucoup dépend de la consigne que vont donner les candidats éliminés au premier tour", a indiqué le sociologue Mircea Kivu.
Selon lui, l'ancienne ministre de la Justice Monica Macovei, icône de la lutte anticorruption, devrait ainsi appeler ses sympathisants à voter pour M. Iohannis, tandis que l'ex-premier ministre Calin Popescu Tariceanu penchera vers M. Ponta.
Ancien procureur âgé de 42 ans et premier ministre depuis 2012, M. Ponta a notamment mis en avant son bilan économique pour séduire un électorat las des promesses électorales dans le pays le plus pauvre de l'Union européenne (UE) après la Bulgarie.
M. Iohannis, 55 ans, s'est pour sa part engagé à transposer à l'ensemble du pays le modèle de développement de sa ville natale de Sibiu (centre), dont il est le maire depuis 2000.
Files d'attente
En fin de soirée, des files d'attente étaient encore formées devant des bureaux de vote à l'étranger, suscitant de vives critiques de l'opposition quant à l'organisation du scrutin. Le président sortant de centre-droit Traian Basescu a ainsi appelé à la démission du ministre des Affaires étrangères Titus Corlatean pour avoir "empêché les Roumains d'exercer leur droit de vote".
La campagne électorale avait été dominée par une poursuite des règlements de compte entre M. Ponta et son rival acharné, M. Basescu, qui après deux mandats de cinq ans à la présidence ne pouvait pas se représenter.
Le politologue Ovidiu Voicu de la Fondation Soros évoque néanmoins des risques pour l'indépendance de la justice émanant d'un "pouvoir sans partage" concentré entre les mains des sociaux-démocrates si M. Ponta remportait le présidence. Sa coalition de centre-gauche dispose déjà d'une très large majorité au Parlement.
Le chef de l'Etat est notamment responsable de la politique étrangère et des nominations dans la haute fonction publique, y compris des chefs des parquets.
Scruté par le milieu des affaires
Ce scrutin, qui entraînera sans doute un changement de gouvernement, était suivi de près par le milieu des affaires. La Roumanie avait enregistré en 2013 une forte croissance (3,5%). Mais l'introduction de plusieurs taxes au printemps a freiné l'appétit des investisseurs, plongeant le pays au deuxième trimestre dans la récession.
Cet ancien pays du bloc communiste souffre également d'une incapacité chronique à gérer correctement les fonds européens, essentiels pour le développement de ses infrastructures, en raison de la corruption et d'une administration inefficace. Pour 2014, la prévision de croissance a été revue à 2,2%.