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Soulagement à In Aménas, désertée par ses habitants

Seule une poignée d'habitants de In Aménas, la ville la plus proche du complexe gazier qui a été le théâtre de la prise d'otages, osent sortir de chez eux. Partagés entre la crainte d'attentats et le soulagement de voir l'opération terminée, certains estiment que l'opération islamiste était prévisible.

19 janv. 2013, 20:29
Un homme pose devant la cité de In-Aménas.

Brahim, la cinquantaine, se dit «désolé» pour la vingtaine d'otages morts, dont des étrangers, recensés depuis mercredi, jour où le groupe a attaqué le site, tué et blessé plusieurs personnes, et pris en otages des centaines d'employés. Mais «il était prévisible que ça se termine comme ça», juge cet homme qui se présente comme un «citoyen algérien».

Planté devant le seul hôpital de la ville réquisitionné depuis mercredi par les autorités pour y transporter les victimes, il est  venu voir s'il ne connaissait pas certaines d'entre elles. «Je connaissais des gens qui travaillaient là-bas et je veux savoir s'il n'y en a pas parmi ceux qu'on amènera ici», ajoute-t-il.

Les forces spéciales algériennes ont abattu samedi onze  «terroristes», mais ces derniers ont exécuté leurs sept otages étrangers restants, selon des sources officielles. En fin d'après-midi, des diplomates britanniques à bord de 4X4 pénètrent dans le bâtiment, suivis de journalistes de la télévision publique. Les rares autres, dont l'AFP, sont interdits d'entrée.

«Etat de choc»

Avec la trentaine de badauds présents, les reporters sont les seules personnes visibles à la ronde, la ville étant quasi-déserte depuis mercredi. «Les Touareg sont restés cloîtrés chez eux, en état de choc», raconte Brahim Zaghdaoui, un habitant de la ville côtière de Jijel, venu s'installer en 2006 dans cette cité située à quelque 1300 km au sud-est d'Alger.

Samedi, jour habituellement animé, aucune femme n'arpentait les rues de cette cité industrielle de 3000 autochtones auxquels s'ajoutent autant de travailleurs, construite de manière anarchique. «J'ai peur qu'il se passe quelque chose (...) je veux partir», dit  Ali Smaïl, un employé qui s'est vu cependant refuser une demande de  congé. «Nous sommes passés d'une situation paisible à une situation de terreur», témoigne Fouad, un père de famille.

Un autre habitant a la peur au ventre: «l'usine pourrait exploser et souffler la ville», dit-il après avoir vu un mouvement incessant d'hélicoptères des forces de l'ordre. Le groupe pétrolier Sonatrach a indiqué après l'assaut final qu'une opération de déminage des installations de l'usine de gaz, où étaient retenus les derniers otages, était en cours.

Craintes d'attentats

Dans la matinée, la vue de cercueils acheminés vers l'hôpital a accru la tension. «Hier vendredi, plusieurs proches avaient peur d'aller prier par crainte d'un attentat à la bombe», raconte Ahmed, un commerçant encore traumatisé par les dix ans de guerre civile (1992-2002) entre islamistes et forces de l'ordre.

«Désormais, il y aura un avant et un après la prise d'otages», lance Abdelkader, un ouvrier du secteur pétrolier. «Sans cette autorisation de survol accordée aux chasseurs français en route pour le Mali, rien de cela ne serait arrivé», dit-il, un avis partagé par d'autres habitants.

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