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Srebrenica: Belgrade exige une condamnation pour "tentative d'assassinat" de son premier ministre

Les Affaires étrangères de Belgrade ont exigé la "condamnation" publique de "la tentative d'assassinat" du Premier ministre Aleksandar Vucic lors des commémorations du massacre de Srebrenica, chassé à coups de pierres par des manifestants.

11 juil. 2015, 22:03
Le premier ministre serbe Aleksandar Vucic se tient la tête lors de son discours, à Belgrade.

De retour à Belgrade, M. Vucic, a expliqué que si une pierre l'avait effectivement touché à la lèvre inférieure, "ce n'était rien" et qu'il continuerait malgré tout "à oeuvrer à la réconciliation entre Serbes et Musulmans de Bosnie".

Mais, parallèlement, le ministère serbe des Affaires étrangères a, dans une note de protestation adressée à Sarajevo, exigé des autorités bosniennes qu'elles "condamnent publiquement" la "tentative d'assassinat" du Premier ministre serbe. Condamnation exprimée peu après par la présidence de Bosnie.

Auparavant, le chef de la diplomatie serbe Ivica Dacic avait dénoncé "une attaque non seulement contre Vucic, mais contre toute la Serbie et sa politique de paix et de coopération régionale".

Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie de l'UE, a, pour sa part, dit attendre de Sarajevo "une pleine enquête sur cet incident".

"L'oeuvre de cerveaux malades"

"C'est l'oeuvre de cerveaux malades qui ont abusé de cet événement digne. Vucic a pris dans ses bras aujourd'hui Munira Subasic, la présidente de l'association des Mères de Srebrenica (...), il a donc essayé de compatir à notre tristesse et à notre douleur", a de son côté estimé le maire de Srebrenica, Camil Durakovic.

"Je suis terriblement déçue (...) Non pas pour Vucic, mais pour notre dignité que nous avons sauvegardée 20 ans durant", a relevé Mme Subasic. Son association regroupe les femmes qui ont perdu époux, fils, frères et pères dans la tuerie perpétrée en 1995 par les forces serbes bosniennes.

"Il n'a pas honte de venir ici?"

Des dizaines de milliers de personnes marquaient le massacre. Aleksandar Vucic a participé à ces cérémonies afin, selon lui, de rendre hommage aux victimes, mais sans pour autant utiliser le terme de génocide reconnu par la justice internationale.

"Regardez-le (Vucic) et regardez ces milliers de pierres tombales", s'est exclamée Hamida Dzanovic, venue inhumer deux os dont les analyses ADN ont récemment établi qu'ils provenaient du corps de son mari. "Il n'a pas honte de dire que ce n'était pas un génocide? Il n'a pas honte de venir ici?".

Fuite derrière un parapluie

Aleksandar Vucic venait de déposer une fleur devant un monument portant les noms des plus de 6200 victimes identifiées et enterrées au mémorial de Srebrenica lorsque la foule a commencé à scander "Allah Akbar !" ("Dieu est grand !") et à jeter des pierres dans sa direction.

Aleksandar Vucic a quitté le mémorial en courant, protégé par ses gardes du corps notamment à l'aide d'un parapluie, tandis que les organisateurs lançaient des appels au calme.

Un imam a alors commencé à lire une prière et la plupart des participants se sont tournés pour prier en attendant la mise en terre de 136 victimes du massacre nouvellement identifiées.

Faucon ultranationaliste converti

En quittant Belgrade, M. Vucic, un ancien faucon ultranationaliste qui avait en particulier clamé au Parlement que "pour tout Serbe tué, nous tuerons 100 Musulmans" et qui était par la suite devenu brusquement proeuropéen, avait condamné, parlant du massacre de Srebrenica, un "crime monstrueux".

En juillet 1995, alors que la région était déclarée "zone protégée" par l'ONU, quelque 8000 hommes et garçons musulmans avaient été tués dans cette ville bosnienne. Il s'agit de la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La Serbie refuse obstinément d'accepter le terme de génocide, et mercredi, la Russie, soutien traditionnel de Belgrade, a mis son veto à un projet de résolution de l'ONU sur Srebrenica.

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