Des affrontements ont opposé vendredi près du poste-frontière de Rass al-Aïn, tenu par les rebelles, des combattants kurdes syriens et à 300 islamistes venus de Turquie, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). A Alep, un journaliste français a été tué.
"Des membres de groupes armés liés au Front (jihadiste) Al-Nosra ont traversé la frontière turque avec trois chars pour entrer dans Rass al-Aïn" jeudi, a indiqué un militant anti-régime. Selon lui, les Kurdes sont parvenus à prendre vendredi l'un des chars.
D'après un habitant de Rass al-Aïn, "les combattants kurdes ont reçu (jeudi après-midi) des renforts pour faire face à l'assaut le plus violent lancé par les rebelles depuis leur arrivée dans la ville" en novembre.
A l'écart du conflit
Depuis le début du conflit en Syrie, les Kurdes cherchent à rester à l'écart de la guerre. Mais ils ont été accusés par les rebelles de faire le jeu du régime du président Bachar al-Assad dont les troupes se sont retirées sans résistance de plusieurs régions kurdes.
Des combattants du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie), ont plusieurs fois combattu Al-Nosra et Ghouraba al-Cham à Rass Al-Aïn.
Des militants disent craindre que la Turquie, qui soutient les rebelles, n'utilise les groupes jihadistes en Syrie dans son combat contre les Kurdes. Washington a placé le Front al-Nosra sur sa liste des groupes terroristes pour liens présumés avec Al-Qaïda.
Journaliste abattu
A Alep, dans le nord de la Syrie, un journaliste franco-belge de 58 ans a été abattu, selon des militants, par un tireur embusqué de l'armée syrienne alors qu'il effectuait un reportage pour "Assaut", une revue spécialisée qu'il avait fondée il y a cinq ans.
Yves Debay a été tué près de la prison centrale à la lisière nord de la métropole où de violents combats opposaient rebelles et soldats, a affirmé l'OSDH.
Des photographies et vidéos montrant son cadavre avec une trace de balle dans la tête ainsi que son accréditation de presse auprès du ministère français de la Défense ont été mises en ligne par des militants anti-régime. Ces rebelles ont accusé les troupes régulières d'être responsables de son décès.
"La France condamne cet acte odieux et exprime à la famille et aux proches d'Yves Debay ses condoléances, sa sympathie et sa solidarité", a fait savoir la présidence française. Au moins 17 journalistes professionnels, étrangers et Syriens, et 44 citoyens-journalistes ont été tués en 22 mois dans le pays, selon Reporters Sans Frontières (RSF).
Pas de répit pour les violences
Ailleurs dans le pays, une soixantaine de personnes ont péri dans des violences, plus de la moitié près de Damas et à Alep, selon l'OSDH. Ces informations sont impossibles à confirmer en l'absence de sources indépendantes.
Jeudi, les violences avaient coûté la vie à 142 personnes à travers le pays, d'après l'ONG, proche de l'opposition et basée à Londres. En 23 mois de conflit, l'ONU a recensé plus de 60'000 tués en Syrie.
Les autorités syriennes ont annoncé vendredi une augmentation de 40% du prix du litre de fuel. "Le faible prix du carburant (en Syrie) comparé aux pays étrangers a contribué à augmenter sa contrebande, aggravant les pertes de l'économie nationale", a rapporté l'agence officielle SANA.
Pénuries de carburant
La guerre civile a provoqué de graves pénuries de carburant, une denrée précieuse notamment face à l'hiver glacial que traverse la Syrie.
La production pétrolière du pays, principalement destinée à la consommation intérieure, qui s'élevait à 420'000 barils par jour avant le conflit, a été réduite de moitié avec l'escalade des violences.
Durant la même période, la production d'électricité a également été divisée par deux en raison d'une pénurie de combustible dans les centrales, selon la presse officielle.