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Torture: le Vatican sous les feux de la critique à l'ONU à Genève

Les critiques des associations de défense des victimes pour abus sexuels commis par des prêtres ont mis le Vatican sur le gril, alors qu'il présente ce lundi à Genève son premier rapport au comité de l'ONU contre la torture.

05 mai 2014, 16:09
Le nonce apostolique Mgr Silvano Tomasi a affirmé que la Convention, ratifiée en 2002 par le Saint-Siège, est pleinement appliquée dans le territoire de l'Etat du Vatican et qu'elle n'a autorité que sur ce territoire.

Le Vatican a présenté lundi à Genève son premier rapport au comité de l'ONU contre la torture. Confronté aux critiques des associations de défense des victimes pour les abus sexuels commis par des prêtres, il s'est défendu en affirmant que la Convention s'applique uniquement au territoire du Vatican.

Le nonce apostolique Mgr Silvano Tomasi a affirmé que la Convention, ratifiée en 2002 par le Saint-Siège, est pleinement appliquée dans le territoire de l'Etat du Vatican et qu'elle n'a autorité que sur ce territoire. Il a expliqué que les autorités nationales des autres Etats ont compétence pour juger les responsables d'actes de torture ou d'autres abus qui seraient membres de l'Eglise catholique dans ces Etats.

La rapporteuse du comité de l'ONU, la juriste américaine Felice Gaer a rejeté d'emblée ce raisonnement. Elle a déclaré que tous les représentants et fonctionnaires d'un Etat même à l'extérieur des frontières du pays sont soumis à sa législation.

"L'Etat du Vatican est une subdivision du Saint-Siège comme le canton de Genève est une subdivision de la Suisse", a souligné Mme Gaer. "Votre affirmation que les représentants de l'Eglise catholique à l'extérieur de l'Etat du Vatican sont exclus de la Convention nous préoccupe et n'est pas conforme à nos procédures", a-t-elle dit.

Les violences sexuelles peuvent clairement constituer des actes de torture, a ajouté la juriste.

Des chiffres précis

Les experts de l'ONU ont demandé à la délégation du Vatican de rendre publiques les informations sur les mesures prises à l'encontre des membres du clergé accusés d'abus sexuels et de garantir qu'ils soient suspendus de leurs fonctions. Mme Gaer a demandé des chiffres précis sur le nombre de prêtres suspendus, le nombre d'enquêtes et de poursuites engagées par le Vatican contre les auteurs de possibles abus.

Les experts de l'ONU ont aussi demandé des éclaircissements sur les mécanismes de plaintes mis en place par le Vatican. Ils l'ont exhorté à instaurer un système de réparations pour les victimes et à décider des sanctions proportionnelles à la gravité des faits.

L'examen du rapport du Vatican en vertu de la Convention de l'ONU sur la torture fait suite aux conclusions du comité de l'ONU sur les droits de l'enfant. En février, il avait affirmé que le Vatican n'avait pas pris les mesures nécessaires pour traiter des cas d'enfants abusés sexuellement par des prêtres.

Les sévices se poursuivent

Plusieurs associations de défense des victimes et ONG ont présenté des rapports parallèles accusant le Vatican d'actes de torture et lui demandant de prendre des mesures contre les prêtres à l'origine d'abus sexuels et de modifier sa législation pour prévenir de tels abus.

Les ONG dénoncent le fait que le Vatican continue de minimiser les faits et de tout faire pour cacher la réalité, détruire des preuves, intimider les témoins au lieu de destituer les responsables d'abus et de les déférer à la police et à la justice.

Les sévices sexuels se poursuivent au sein de l'Eglise catholique, selon Barbara Blaine, présidente du réseau des victimes abusées par des prêtres (SNAP). "Nous n'avons pas vu de changement depuis le mois de février. Il faut des actes, pas seulement des déclarations", a-t-elle demandé.

Les ONG estiment que l'attention de la communauté internationale portée sur ces "crimes" à l'occasion de l'examen des rapports du Vatican par les experts de l'ONU peut contribuer à faire la lumière sur ces abus et à les prévenir à l'avenir.

Bien de l'enfant "prioritaire"

Samedi, deux jours avant l'examen du rapport du Vatican par l'ONU, la commission d'experts anti-pédophilie constituée par le pape François a affirmé que le bien de l'enfant doit être "prioritaire" dans toute décision de l'Eglise. Cette première réunion de la commission constituée en mars a évoqué "l'ignorance et le déni" encore largement répandus dans certaines régions du monde sur ces délits.

Dans une conférence de presse, le cardinal de Boston, Sean O'Malley avait souligné la volonté de la commission d'oeuvrer à l'élaboration de "procédures claires" pour faire en sorte que les coupables, à tous les niveaux, "répondent de leurs actes".

"Nous prévoyons de faire des propositions spécifiques pour encourager la prise de conscience de tout le monde quant aux conséquences tragiques des abus sexuels et aux conséquences dévastatrices du fait de refuser d'écouter, de ne pas relayer les soupçons, et de manquer à soutenir les victimes et leurs familles", avait indiqué le communiqué final de la réunion.

En avril dernier, le pape François avait "demandé pardon" pour les crimes pédophiles et souhaité des sanctions "très sévères".

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