Quand ils passent le portique en fer forgé de la paroisse de Nabil Shukrallah, leurs mines sont blêmes, leurs épaules voûtées, leurs regards désorientés. On ne saurait dire s’ils sont soulagés, effrayés ou désemparés. Peut-être tout cela à la fois. Ils ont pris la route 40 en bord de mer, reliant el-Arish, capitale du Nord-Sinaï, à Ismaïlia, ville située à l’ouest du canal de Suez. À l’aube, ils ont emporté avec eux de maigres sacs de voyage qu’ils ont chargés sur le toit de micro-bus bringuebalants. Ce matin, ils étaient encore à la maison. En quelques heures, ils sont devenus des réfugiés de Daech, des déplacés.
Fin février, une centaine de familles chrétiennes, originaires d’el-Arish ont plié bagage et abandonné derrière elles maisons et emplois pour se réfugier à Ismaïlia. «Je suis tellement triste. Notre vie là-bas est foutue. Les gens meurent, on ne comprend pas pourquoi…», s’étrangle Magda...