Reprenant leurs slogans favoris comme «ils ne nous représentent pas», accompagnés de tambours, les manifestants arrivés en colonnes des quatre coins de la ville ont convergé vers la Puerta del Sol, la place du centre de Madrid, qui a vu naître le mouvement, le 15 mai 2011.
Ils ont l'intention d'y organiser pendant quatre jours une «assemblée permanente», contournant l'interdiction officielle selon laquelle les manifestations devront prendre fin chaque soir à 22h00. D'autres manifestations sont prévues dans 80 villes d'Espagne.
«Il est important de montrer que nous sommes toujours là, que des milliers de gens veulent un changement», a expliqué une employée de bureau de 23 ans, Marina Santos, qui portait une petite pancarte avec l'inscription: «un autre monde est possible». «Votre dette, ne la payons pas», annonçait une grande banderole, ou encore «Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques ou des banquiers», «La violence, c'est de gagner 600 euros».
Fermeté du gouvernement
«Nous sommes ici parce que nous restons indignés par les politiques d'austérité que nous impose l'élite économique», a déclaré Victor Valdes, un étudiant en philosophie de 21 ans, qui se dirigeait avec des milliers d'autres manifestants vers la Puerta del Sol. Il voulait croire que «le mouvement continue avec le même élan».
C'est sur cette place que s'était installé, il y a un an, le campement des «Indignés», avant de faire des émules dans le monde entier. Pendant un mois, cet assemblage de tentes et de bâches était devenu le symbole d'un ras-le-bol qui avait surpris un pays où, malgré la crise, le mécontentement s'était jusque-là peu exprimé.
Mais le gouvernement de droite, arrivé au pouvoir dans l'intervalle, a cette fois affiché sa fermeté, déclarant «illégale» toute tentative d'installer un nouveau campement. «Des horaires ont été fixés. Au-delà, ces rassemblements ne sont pas autorisés», a souligné vendredi la porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria.
«Au-delà de ces horaires, la loi serait enfreinte et donc les droits des autres citoyens, et bien sûr, le gouvernement fera en sorte que la loi soit respectée», a-t-elle ajouté.
Chômage, terrain fertile
Depuis un an, le chômage a encore grimpé en Espagne et frappe un actif sur quatre (24,4%), tandis que le gouvernement est engagé dans une politique de rigueur sans précédent. Un terrain fertile, a priori, pour que l'anniversaire du mouvement soit un succès.
Mais à la différence d'il y a un an, les rues d'Espagne sont envahies presque chaque semaine par les manifestations convoquées par les syndicats contre la rigueur tandis que les «indignés», répondant à une structure horizontale, refusant de se constituer en parti, ont perdu en visibilité.
Ils n'ont pas su «structurer un mécontentement sans idéologie concrète», analyse Antonio Alaminos, professeur de sociologie à l'Université d'Alicante. «Résultat: beaucoup de petits groupes relativement déconnectés entre eux qui ne forment plus un mouvement social», estime-t-il.
Les «Indignés» affichent toutefois une réussite concrète: avoir insufflé une nouvelle force à la Plateforme contre les expulsions (PAH), qui lutte depuis 2009 contre les saisies d'appartements de familles surendettées. Symbole de la crise, ces saisies ont été bloquées ou retardées des dizaines de fois sous la pression des militants.
«Occupy London»
Ailleurs aussi, les «Indignés» sont redescendus dans les rues. Quelques milliers de personnes ont manifesté au Portugal dans le cadre de cette journée d'action mondiale pour marquer le premier anniversaire du mouvement. Plusieurs centaines d'»Indignés» du mouvement «Occupy London» se sont eux rassemblés samedi après-midi sur les marches de la cathédrale St-Paul.