Si le rassemblement amorcé à la faveur de la présidentielle porte ses fruits en juin «est un succès, si cet élargissement devient une réalité, c'est une réflexion que l'on aura», affirme la cheffe du FN dans une interview au «Monde» daté du 13 avril.
Depuis le début de sa campagne, Marine Le Pen, qui se dit «ni de droite, ni de gauche», a rallié des chevènementistes mais aussi des «orphelins du gaullisme».
Elle avait annoncé en mai qu'elle réserverait un tiers des circonscriptions aux législatives à des candidats extérieurs au parti, dans le cadre d'un «rassemblement patriotique.»
Rêve de second tour
La candidate, qui a fléchi ces dernières semaines dans les sondages, n'a pas renoncé à se qualifier pour le second tour en dépit de la concurrence du candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui lui dispute la troisième place du podium.
«Je crois que ce sera beaucoup plus serré qu'on ne le dit. Je me vois à plus de 20%», dit Marine Le Pen, qui oscille entre 14% et 16% dans les sondages. La cheffe de file du FN assure qu'il y aura un «écart important» entre elle et Jean-Luc Mélenchon.
Même si son objectif reste «d'arriver au second tour», elle considère qu'une «amélioration du score historique» de la présidentielle de 2002 (16,8%), obtenu par son père, Jean-Marie Le Pen, «sera un succès».
Selon elle, le président sortant Nicolas Sarkozy «joue quitte ou double» en faisant à nouveau campagne sur des thèmes chers au FN comme en 2007, notamment la sécurité et l'immigration. «Il va chercher des électeurs qu'il a déjà trahis en repoussant des électeurs centristes dont il aurait peut-être besoin. C'est un sacré pari», dit-elle.
La «dédiabolisation» a eu lieu
Marine Le Pen estime avoir face à elle «le système coalisé, de l'extrême gauche à la droite, en passant par les syndicats, le patronat, Mgr Vingt-Trois», l'archevêque de Paris.
Priée de dire si cela signe l'échec de la «dédiabolisation» engagée depuis son arrivée à la tête du parti, elle répond: «La dédiabolisation n'a pas vocation à s'appliquer aux élites, mais au peuple. Elle a eu lieu, c'est fini, c'est fait, elle est en partie achevée.» «Le vote FN est aujourd'hui admis, considéré comme un autre».