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Budgets cantonaux: véritable "röstigraben" dans la gestion des finances

A l'exception du Jura, tous les cantons romands ayant présenté leur budget sont dans les chiffres noirs. En Suisse alémanique, le constat est inverse.

06 oct. 2013, 09:08
Pascal Broulis, président de la conférence des gouvernement cantonaux, a souligné le différences majeures entre romands et alémaniques en matière de budget.

Un "röstigraben" ressort des 20 budgets cantonaux 2014 publiés jusqu'ici. Tous les cantons romands dont les prévisions sont connues, sauf le Jura, parviennent à dégager un bénéfice. Seuls quatre cantons alémaniques en revanche prévoient de clore l'année prochaine dans les chiffres noirs.

"Cela s'explique d'une part par le fait que les cantons romands concernés n'ont pas baissé massivement les impôts comme plusieurs alémaniques l'ont fait ces dernières années", explique à l'ats Pascal Broulis, président de la Conférence des gouvernements cantonaux (CdC) et grand argentier vaudois. "Vaud, Fribourg et le Valais les ont certes diminués, mais de façon mesurée."

D'autre part, "le tissu économique romand s'est davantage diversifié que celui d'outre-Sarine. Le taux de croissance de l'Arc lémanique est d'ailleurs supérieur à la moyenne suisse actuellement", poursuit le chef du département des finances du canton de Vaud.

Bonne santé vaudoise

Ce dernier devrait boucler son huitième exercice bénéficiaire de suite, pronostiquant même le plus grand excédent de recettes de Suisse, soit 17,5 millions de francs. Le budget porte la patte de la majorité de gauche élue en 2012 au Conseil d'Etat, avec notamment une augmentation des dépenses dans les transports publics et dans l'accueil de jour des enfants.

A l'ouest de la Sarine, trois autres cantons sont parvenus à équilibrer leur budget 2014. Le Valais (4,7 millions), Fribourg (500'000 francs) et Genève (400'000 francs) prévoient toutefois des profits plus minces que leur homologue vaudois.

162 millions économisés à Fribourg

Cela n'a pas été sans efforts pour les deux premiers. Fribourg a dû ficeler un paquet de mesures d'économies de 112 millions et procéder à des restrictions budgétaires de 50 millions. Le canton du Valais s'est vu contraint de puiser dans son fonds de financement des infrastructures pour réaliser les investissements planifiés, notamment pour le futur campus EPFL.

Genève attribue le profit prévu à la bonne santé de son économie, ainsi qu'aux tours de vis opérés ces dernières années. Le gouvernement annonce à présent la création d'emplois administratifs dans la police, afin de décharger les agents et de les remettre sur le terrain.

Baisse fiscale dans le Jura

Le Jura est le seul canton romand à budgétiser une perte, de 5,5 millions. La baisse de la fiscalité des familles, ainsi que la recapitalisation de la caisse de pensions pèsent particulièrement dans la balance. Mais aucune coupe dans les prestations, ou recours aux réserves, ne s'avère nécessaire, précise le gouvernement.

En Suisse alémanique, seuls Uri (6,3 millions), Berne (6 millions), Bâle-Ville (2,2 millions) et Argovie (1,4 million) maintiennent la tête hors de l'eau. Les deux premiers y parviennent grâce à des mesures d'économies, Argovie en puisant dans ses réserves. A noter que Bâle-Ville demeure dans les chiffres noirs sans interruption depuis 2005.

Tous les autres cantons d'outre-Sarine anticipent des pertes. Les plus importantes sont déplorées par Bâle-Campagne, en raison de la recapitalisation de la caisse de pensions (916,6 millions), Zurich (185 millions), Soleure (122,9 millions) et Schwyz (97 millions).

Impôts: peu de hausses proposées

Malgré un contexte généralement tendu, seuls trois cantons désirent augmenter leurs impôts. A Fribourg et à Schaffhouse, le Parlement doit en décider prochainement. Lucerne a également annoncé sa volonté de recourir à cette solution.

La péréquation financière (RPT) s'invite dans les discussions. Parmi les neuf cantons contributeurs, certains dénoncent les charges grandissantes provenant de cette solidarité intercantonale, alors que l'écart entre "forts" et "faibles" se réduit. A Zoug par exemple (déficit prévu de 71,1 millions), un cinquième des frais, soit 280 millions de francs, lui sont imputables.

"Il faut adapter la RPT, c'est clair", renchérit Pascal Broulis, dont le canton fait partie des donneurs. "Mais si les cantons bénéficiaires ne baissent pas leurs impôts de façon exacerbée, la péréquation financière ne pose pas de problèmes majeurs. Elle traduit en outre la solidarité avec les plus faibles."

A noter que Neuchâtel présentera son budget 2014 à la fin octobre. Le Tessin, Lucerne, les Grisons et les deux Appenzells n'ont pas encore présenté leurs prévisions pour l'an prochain.

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