«Il suffit de commencer à penser à sa respiration pour respirer moins bien, c’est presque angoissant.» Christophe Uldry est médecin-chef du Service de pneumologie et réhabilitation respiratoire à l’hôpital de Rolle. Alors forcément, expirer et inspirer, ça le connaît. Il est d’ailleurs fort probable qu’au fil de la lecture de cet article, votre souffle occupe vos pensées.

Ainsi donc, les propositions de plus en plus nombreuses suggérant qu’il faudrait «apprendre à respirer» interpellent le spécialiste: «En postulant des besoins, on crée des problèmes.»

En effet, la respiration est automatique et chez les sujets en bonne santé, les gaz respiratoires, oxygène et CO2, contenus dans le sang sont maintenus à l’équilibre par un cycle respiratoire, inspiration-expiration, régulier.

En revanche, la sensation de manquer d’air pousse à mettre le focus sur la respiration. «Quand un patient se présente et déclare: je ne sais pas respirer, c’est toujours une entrée en matière particulière», observe le spécialiste.

Manquer d’air

Lorsque les examens ne révèlent aucune maladie pulmonaire ou respiratoire comme la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) ou de l’asthme par exemple, une respiration dysfonctionnelle (RD) peut expliquer une sensation d’oppression.

Le syndrome d’hyperventilation en est la plus fréquente manifestation et concerne 6 à 10% de la population. «La personne respire trop tout en ayant l’impression de ne pas respirer assez, plus elle respire, plus le phénomène s’amplifie, le centre de la respiration dans le cerveau se trompe dans son analyse des besoins d’air et un cercle vicieux s’installe», explique Christophe Uldry. Cela peut mener, au pire, à la perte de connaissance qui va permettre à la mécanique respiratoire de se remettre en pilotage automatique normal.

«Quand un patient se présente et déclare: je ne sais pas respirer, c’est toujours une entrée en matière particulière.»

Christophe Uldry, pneumologue

D’autres manifestations peuvent être le signe d’une RD, comme les soupirs périodiques profonds ou une dysfonction des cordes vocales provoquant des difficultés respiratoires.

Sophrologie, yoga et méditation

La RD, dont les causes restent scientifiquement inexpliquées, est traitée très sérieusement. Elle représente un facteur aggravant en cas de maladie respiratoire et dans tous les cas, une cause d’angoisse dans la vie quotidienne. «Une rééducation du mode ventilatoire en physiothérapie peut être prescrite dans une telle situation pour prendre conscience de sa respiration et la maîtriser», précise Christophe Uldry.

N’en demeure pas moins que maîtriser sa respiration représente une plus-value dans la vie quotidienne. Cela s’apprend et s’entraîne. La sophrologie, le yoga ou encore la méditation enseignent des techniques respiratoires pour, entre autres, évacuer les tensions physiques et mentales, à condition de trouver celle qui convient le mieux à ses besoins et ses attentes.

Relaxation express

Ruthie Sauthier, relaxologue à Genolier, considère la maîtrise de la respiration comme un outil puissant que l’on doit pouvoir utiliser partout et à tout moment. «La respiration est le seul contrôle que nous avons sur le système nerveux autonome et le rythme cardiaque. Quelques minutes de respiration consciente suffisent à diminuer un état de stress inconfortable». La relaxation «express» est une réponse à nos modes de vie où au sens figuré, le besoin de prendre le temps de respirer s’impose.

La chose paraît simple: debout ou même assis, les yeux fermés, inspirer et expirer par le nez en ouvrant sa cage thoracique pour bien libérer le diaphragme en se concentrant sur le souffle, sans penser à rien d’autre qu’aux sensations de son corps. Mais, elle en convient: «Rien que de respirer par le nez, ce n’est pas facile».

Mieux maîtriser sa respiration pour vivre mieux

Si tout le monde sait respirer, chacun peut apprendre à maîtriser vraiment son souffle. Dans certains cas, c’est même une nécessité.