De son propre aveu, «sortir un album aujourd’hui est un peu bizarre». L’industrie du disque est moribonde et personne ne sait s’il existe encore des mélomanes prêts à s’allonger sur un divan pour écouter une suite de morceaux. Mais Raphael Enard y croit. Il prend le temps de soigner l’art et la manière.
Dans le séjour de sa maison de Mont-sur-Rolle, vieille bâtisse rêveuse en aplomb du vignoble, le musicien déplie «son» bel objet de carton frappé des lettres «Fallen Idols». Sur la couverture, une photo polaroïd de genoux écorchés sous une jupe plissée; à l’intérieur, un vinyle accompagné de dix mini-posters où le nom de chacune des chansons crée un décalage suggestif avec l’image: «The Girl» apparaît en surimpression de mains gantée trifouillant une tomate; ces mêmes mains enrobent délicatement un œuf d’autruche sous «The Heart». «J’avais envie que ça interpelle, que ça grince un peu. J’ai mis presque...