Entre Atlantique et Mer des Caraïbes, la Guadeloupe déploie ses deux ailes de papillon, séparées par la Rivière Salée. Par 35°, Andrée achète ses fruits au marché de Pointe-à-Pitre, dans le tohu-bohu des immigrées haïtiennes criant le prix de leurs épices ou vantant la fraîcheur de leurs poissons. Sachant que le métissage répond ici à des qualificatifs précis, Andrée appartient-elle aux mulâtres, aux chabins ou aux câpres? «Moi, je suis noire!», affirme cette belle Guadeloupéenne malgré sa carnation relativement claire. Et de proclamer son intention de faire prochainement établir sa généalogie, «pour mieux situer ses origines, hors référence au fameux nos ancêtres les Gaulois des manuels scolaires!»
L’idée de rejoindre la métropole pour y poursuivre des études ou y mener carrière a drainé vers l’Hexagone des générations d’Antillais, parfois raillés par les insulaires jaloux restés sur place. Seule fille parmi cinq enfants, Andrée a éprouvé très tôt son besoin d’indépendance....