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Et si Bienne jouait à la Maladière?

Sans stade, les footballeurs seelandais pourraient émigrer à Neuchâtel.

15 févr. 2012, 00:01
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Simple provocation? Pas vraiment. D'un côté, un club qui réalise de bons résultats sportifs et dont le capital sympathie ne cesse de grimper, notamment grâce à ses exploits récents en Coupe de Suisse. Un FC Bienne qui a le vent en poupe, mais qui ne dispose pas des structures adéquates pour évoluer en Challenge League. De l'autre, un bijou de stade situé à une trentaine de kilomètres de là. Une arène moderne, mais qui vient de perdre son club, Neuchâtel Xamax, et ses joueurs de Super League.

Un concours de circonstances improbable il y a encore quelques semaines, et qui augmente désormais la probabilité de voir le FC Bienne émigrer sous d'autres cieux dès la saison prochaine. Cette éventualité, aussi étrange puisse-t-elle sonner aux oreilles seelandaises, a été avancée par le président du FC Bienne, Jean-Pierre Senn.

Visiblement, les dirigeants commencent non seulement à perdre patience avec les projets de nouveaux stades qui n'aboutissent pas, mais ils ont aussi décidé de prendre les devants dans ce dossier sensible. Aussi politiquement incorrect soit-il, le fait d'envisager un départ - temporaire - des footballeurs biennois est désormais davantage qu'une simple supputation. "Nous attendons avec impatience le 25 mars, une date clé avec l'ultimatum de la Ville de Bienne aux investisseurs concernant le projet des Stades de Bienne" , explique Jean-Pierre Senn. "Si ce projet ne décolle pas, la Maladière deviendra évidemment une alternative intéressante. La Ville de Neuchâtel devra bien se poser la question: que va-t-elle faire de son stade?"

D'une part, la décision de la Ville de Bienne concernant le début, ou non, des travaux liés à la construction des Stades. D'autre part, le FC Bienne qui doit encore renouveler sa demande de licence de jeu pour la saison prochaine. Une licence qui lui sera vraisemblablement refusée au vu de l'état de délabrement de la Gurzelen. Et de l'immobilisme latent dans le dossier d'un nouveau terrain de jeu à Bienne. Suffisamment de raisons valables pour que le FC Bienne décide de se tourner vers la Maladière en guise d'alternative. "Il y a tout de même deux éléments négatifs: elle se trouve à 25 minutes de Bienne, et c'est un terrain synthétique. Malgré tout, la Maladière est nettement meilleure que la Gurzelen" , souligne le président biennois.

Techniquement, le FCB peut jouer à Neuchâtel

"Nous avons effectivement été contactés par les dirigeants du FC Bienne au sujet de la disponibilité de la Maladière" , confirme Patrick Pollicino, responsable des Sports de la Ville de Neuchâtel. "Nous leur avons donné un préavis favorable." Concrètement, le FC Bienne a pris les devants en vue de la saison 2012-2013.

Difficile toutefois de s'imaginer qu'un club de Challenge League dont le budget n'est que de 1,7 million de francs s'offre le luxe d'évoluer dans un stade moderne de 12 000 places. "Les conditions seraient à définir, mais il s'agirait vraisemblablement d'un prix tout à fait abordable pour un club de l'envergure du FC Bienne" , confirme Patrick Pollicino, qui préfère toutefois ne pas donner de chiffres précis. "Tout dépend des besoins du FC Bienne. N'aurait-il besoin que du terrain, viendrait-il aussi s'entraîner à Neuchâtel? Une multitude de questions doivent être posées avant de connaître, dans ce cas précis, les termes exacts du contrat d'utilisation de la Maladière."

Le stade, qui appartient à la Ville de Neuchâtel, sera en principe utilisé par les M21 de Xamax jusqu'au terme de la saison. Pour la Ville de Neuchâtel, le manque à gagner est évident. On parle d'une enveloppe de 500 000 francs par saison, soit le montant facturé à Neuchâtel Xamax par le passé. Un package comprenant terrain, bureaux et loges. Un luxe dont le FC Bienne n'aurait pas besoin s'il venait à s'exiler à Maladière le temps d'une ou plusieurs saisons.

L'objet de la discorde

Le FCB attend avec impatience des nouvelles de la Ville de Bienne et de l'entreprise Alstone. Les investisseurs ont jusqu'au 25 mars pour assurer le financement des locaux commerciaux prévus dans le complexe sportif. Une date butoir qui lui permettra d'en savoir plus au sujet de la construction, ou non, d'un nouveau stade de football. Le FC Bienne, de son côté, commence à se sentir à l'étroit. La Swiss Football League lui demande des comptes et semble même près de perdre patience. "Nous n'octroyons plus de dispositions transitoires" , confirme Edmond Isoz, directeur de la Swiss Football League. "Les exigences sont connues depuis sept ou huit ans maintenant. Soit le club répond aux exigences formulées par la Ligue, et donc présente un stade conforme, soit il n'obtient pas de licence de jeu pour la Challenge League."

Côté biennois, ces délais ont été dépassés depuis plus de deux ans déjà. Aujourd'hui, le FCB tombe sous le coup du chapitre 33, alinéa 5, du règlement des licences stipulant qu'une fois que la période transitoire est dépassée, celle-ci ne peut plus être prolongée. "Nous ne pouvons pas faire de Lex Bienne, au risque de voir tous nos efforts anéantis" , précise Edmond Isoz.

En clair, le club biennois n'obtiendra plus de faveur sous forme de licence provisoire. "En 2008, la population biennoise a voté en faveur du projet des nouveaux stades. Et là, nous sommes en 2012, et nous n'en savons toujours pas davantage" , s'emporte Arturo Albanese, directeur sportif du FC Bienne. "Vous ne pensez pas que la Ligue commence à penser que l'on se fiche d'elle?"

D'un stade répondant aux exigences du football moderne, le FCB en aura tôt ou tard besoin. A Neuchâtel, la Maladière n'attend plus qu'une équipe de football s'intéresse à elle. "Oui, mais partir jouer ailleurs signifierait la mort du foot à Bienne" , conclut Arturo Albanese.

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