A Colovray, la colère a laissé place à l’espoir. Trois jours ont filé depuis que le comité «jaune et noir» a appris que son équipe fanion, deuxième de Promotion League, n’obtiendrait pas sa licence, en première instance, pour faire le pas en Challenge League, et la pilule commence à passer.

Lundi matin, la Swiss Football League (SFL) a confirmé les échos déjà entendus durant ce week-end: le précieux sésame n’a pas été accordé au club «jaune et noir» en raison de l’accointance entre Vartan Sirmakes (président du Stade Lausanne Ouchy) et son fils Sassoun (coprésident du Stade Nyonnais).

«C’est le grand problème qui ressort de notre rapport, confirme Bernhard Welten, président de la Commission des licences SFL. Dans les statuts, une personne ne peut pas contrôler directement ou indirectement deux clubs en Super League ou Challenge League. Or, là, avec la proximité familiale, c’est très délicat.»

Conflit d’intérêts

S’ils se retrouvaient à détenir deux clubs au deuxième échelon national, père et fils Sirmakes pourraient favoriser une équipe ou l’autre, au besoin, et ainsi créer des déséquilibres. Un conflit d’intérêts criant pour la SFL.

Pour garantir l’intégrité de la compétition, c’est important d’être strict maintenant.

Bernhard Welten, président de la Commission des licences SFL.

«Il faut conserver le fair-play et s’assurer qu’il n’y aura pas de discussions possibles derrière, expose Bernhard Welten. Pour garantir l’intégrité de la compétition, c’est important d’être strict maintenant.»

Demeure une question qui revient sur beaucoup de lèvres: pourquoi le club de Colovray n’a-t-il pas anticipé cette problématique en amont, au moment où Vartan Sirmakes a cédé sa place de président à son fils lors de la dernière assemblée générale?

«Parce que la SFL n’a jamais été clairs, répond Varujan Symonov, l’autre coprésident. Ils nous ont toujours fait croire que ça serait bon. J’ai des documents où, pour le point juridique, ils nous ont indiqué que c’était en principe rempli… On s’est fait avoir.»

Une solution existe-t-elle?

Le Stade Nyonnais, comme trois des cinq autres clubs de Promotion League à avoir fait une demande de licence, se retrouve désormais en ballottage défavorable. Mais comme l’explique le président de la Commission des licences, «une solution existe peut-être». Et ce dernier de citer en exemple les clubs de Salzburg et Leipzig, propriétés de Red Bull.

«A Leipzig, ils ont fait une fondation qui n’est plus du tout contrôlée par Red Bull, ce qui permet aux deux équipes de jouer en Champions League, selon les règles de l’UEFA, explique Bernhard Welten. Pour le Stade Nyonnais, il faudrait aussi avoir une structure externe, sans le père ni le fils Sirmakes, pour avoir cette indépendance.»

On est prêt à changer de structure, Sassoun a clairement dit qu’il ne voulait pas bloquer l’équipe.

Varujan Symonov, coprésident FC Stade Nyonnais

Une possibilité balayée par Varujan Symonov. «C’est impossible de créer ça en deux jours. Pourquoi ils ne nous l’ont pas dit il y a cinq mois en arrière. C’est là qu’on voit que ce n’est pas correct…»

Nyon, mercredi 26 avril 2023, Colovray, football, promotion league, Stade Nyonnais vs Zurich II, , photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Sur le terrain, les «jaune et noir» sont irréprochables. Photo: Cédric Sandoz

Le comité «jaune et noir» n’a pas dit son dernier mot pour autant. «On est prêt à faire une AG extraordinaire et changer de structure, Sassoun a clairement dit qu’il ne voulait pas bloquer l’équipe. Mais il faut encore trouver un repreneur. Si on n’a pas de solution, il ne va pas laisser tomber le club pour autant», expose Varujan Symonov.

Réponse le 26 mai

Reste désormais aux Nyonnais à trouver cette personne et se construire un dossier en béton pour obtenir la licence le 26 mai prochain. Sans ce problème de double casquette familiale, le club de Colovray aurait visiblement reçu sans souci son précieux sésame.

«Il y aurait des charges du point de vue des infrastructures, également certains critères administratifs et au niveau de la sécurité à régler, mais ce n’est pas grand-chose. C’est même plutôt normal pour les clubs de Promotion League», détaille Bernhard Welten, président de la Commission des licences SFL.

De quoi espérer une fin heureuse. «J’ai envie de croire que la meilleure équipe du championnat puisse monter. Les joueurs et le staff mériteraient cette promotion et on va tout faire pour l’avoir», conclut Varujan Symonov.

Football: en attendant sa licence, le Stade Nyonnais a fait le job sur le terrain

Samedi, à Colovray, en battant Bavois (3-2), les «jaune et noir» ont officiellement décroché leur promotion en Challenge League. Ne manque maintenant plus que la licence.