"Blick" épinglé dans l'affaire Hildebrand

Le "Blick" s'est fait remettre à l'ordre par le Conseil suisse de la presse dans l'affaire Hildebrand.

20 juin 2014, 13:18
"Blick" a fait valoir que cet article était né d'un malentendu entre la production et l'auteur.

Le journal  alémanique le "Blick" a violé le devoir de vérité en publiant une lettre de lecteur véhiculant des rumeurs non vérifiées et malveillantes dans le cadre de l'affaire Hildebrand-Blocher.

Un journal n'est pas en droit de se servir d'une telle lettre de lecteur pour en faire un article de "Une" tout en rejetant la responsabilité quant à la véracité de son contenu et à l'atteinte commise à la sphère privée, a indiqué vendredi le Conseil suisse de la presse. C'est d'autant moins le cas que le traitement à la "Une" avec "lead" et manchette faisait croire qu'il s'agissait bien de faits.

L'instance déontologique a ainsi largement admis une plainte de Philipp Hildebrand. Le 13 novembre 2013, le "Blick" avait pris prétexte d'une lettre de lecteur de l'ancienne secrétaire de Christoph Blocher pour en faire l'article principal de "Une" et d'en relever les suppositions malveillantes concernant la vie privée de l'ancien chef de la Banque nationale par des titres en caractères gras et à l'indicatif.

Le journal offrait un large espace rédactionnel aux reproches et diffamations contenus dans cette lettre. Celle-ci a certes été identifiée comme d'origine privée, mais donnait lieu aussitôt à une nouvelle rumeur: elle pouvait, selon "Blick", avoir été dictée par Christoph Blocher lui-même.

Pour sa défense, "Blick" a fait valoir que cet article était né d'un malentendu entre la production et l'auteur, et que la rédaction aurait procédé à une rectification le lendemain. Mais du point de vue du Conseil suisse de la presse, cette histoire n'a fait que prendre de l'ampleur et les rumeurs mises en circulation ont passé du domaine privé à celui de la politique: la lettre de lecteur, disait une assertion non vérifiée, ne serait qu'un nouveau pas dans l'escalade haineuse de l'UDC contre M. Hildebrand.

Par ce procédé rédactionnel, "Blick" a violé le devoir de vérité ainsi que l'obligation d'entendre l'autre partie lorsque sont portées des accusations graves, souligne le Conseil. Le journal a également omis de procéder à une rectification et de respecter la sphère privée.