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Daillon: encore beaucoup de zones d'ombre

Deux anciens camarades d'armée du tireur de Daillon évoquent sa personnalité. Et ses côtés obscurs.

07 janv. 2013, 06:58
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Comment Fabien*, 33 ans, a- t-il pu commettre un tel acte? Une question que tout le monde se pose depuis mercredi passé. L'hypothèse d'une longue descente aux enfers suite à des problèmes liés à l'armée a été évoquée à plusieurs reprises par des proches du tireur. Le Ministère public semble également s'intéresser à cette piste puisque dans un communiqué publié vendredi soir, la procureure Catherine Seppey précise que des demandes de renseignements et de dossiers ont été adressées aux autorités militaires.

"On avait de bons contacts"

Deux témoignages recueillis auprès d'anciens soldats, qui ont servi sous les ordres de Fabien, donnent quelques bribes de réponse sur la personnalité du tireur fou. "Je connais Fabien depuis de nombreuses années. Nous avons fait les scouts ensemble. Il était passionné de nature et très porté sur le côté militaire. On devait parfois le freiner" , se souvient Mathieu*.

Quelques années plus tard, les deux hommes se sont à nouveau côtoyés. "J'effectuais mon école de sous-officier à Bière dans les fusiliers de montagne. Fabien avait le grade de premier-lieutenant. Il servait comme aide instructeur. Je dois bien admettre que j'avais de l'admiration pour lui. Il était très imposant. Très réglo. Il connaissait extrêmement bien son domaine." Son domaine? "Le combat rapproché, les déplacements tactiques, les positions de combat, les roulades, toutes ces choses que l'on apprend à l'infanterie" , détaille Mathieu qui n'est pas le seul à avoir apprécié l'instruction donnée par Fabien. "En 2002, lors de mon école de sous-officier, j'ai été formé par trois instructeurs dont Fabien. C'était de très loin le meilleur. Et surtout le plus accessible. On avait de bons contacts. Toutes les personnes qui ont travaillé sous ses ordres en gardaient un bon souvenir et le respectaient" , témoigne Antoine*.

"Il ne voulait plus entendre parler d'armée"

Les choses finissent cependant par se détériorer. A ce moment, les versions diffèrent quelque peu. Pour Mathieu, l'armée a obligé Fabien à devenir commandant de compagnie contractuel, alors qu'il aurait préféré suivre la filière d'instructeur et rester sur le terrain. "Pour lui, l'administratif était un problème. Le mettre derrière un bureau c'était comme d'attacher un guépard dans une cage." Antoine pense, lui, que Fabien a fait un burnout en raison de son statut de chef de compagnie qui lui demandait beaucoup de travail administratif mais que l'armée ne lui a rien imposé.

Quelques années plus tard, en 2005, Antoine a croisé Fabien dans une salle d'attente, avant un entretien médical pour être réformé: "Nous avons échangé quelques mots. Fabien ne voulait plus entendre parler d'armée. J'ai l'impression qu'il a réussi à être licencié et qu'il est entré ensuite en dépression. Dépression qui a amené l'internement et la séquestration des armes."

Des côtés obscurs

Reste que pour les deux sous-officiers, Fabien n'a jamais eu de comportements déplacés. "Je l'ai croisé en dehors de l'armée, il n'a jamais été violent ou agressif. J'ai été vraiment choqué d'apprendre qu'il était l'auteur de la tuerie. Je veux témoigner car que je pense que c'est à cause de l'armée qu'il a connu cette descente aux enfers" , déplore Mathieu. "S'il avait réussi dans ce qu'il voulait à l'armée, on n'aurait jamais entendu parler de lui. Il était fait pour ça" , ajoute Antoine. Tous deux sont cependant conscients que Fabien avait des côtés "obscurs": "Il était capable de partir une semaine en montagne, seul. De dormir à la belle étoile et d'escalader les sommets. Un soir où nous étions de sortie, en dehors du service militaire, il nous a dit de regarder en direction du Sanestch le lendemain matin vers dix heures. Il est parti au milieu de la nuit à pied depuis Conthey et le matin, il a allumé une fusée de détresse à l'heure indiquée. Il avait un physique énorme, c'était une machine!" Une machine parfaitement au courant du maniement des armes. Un ancien militaire qui aurait facilement pu se procurer de la munition. Interrogée sur la question, la police n'a pas souhaité en dire plus. Idem du côté de l'armée qui est restée sourde à plusieurs de nos demandes.

La suite de l'enquête et notamment une expertise psychiatrique permettront peut-être d'en savoir plus sur le tireur qui va être poursuivi pour assassinat, subsidiairement pour meurtre, voire pour mise en danger de la vie d'autrui et lésions corporelles graves.

* Prénoms fictifs

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