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Dentiste, un métier exposé au temps du coronavirus

Depuis lundi, les cabinets dentaires sont à nouveau ouverts, avec des mesures de protection renforcées. Le risque de contamination réside surtout dans les aérosols, estiment deux professionnels valaisans.

02 mai 2020, 13:52
Le risque de contamination réside surtout dans les aérosols.

Jusque-là, ils n’avaient le droit de traiter que les urgences, mais lundi, les dentistes ont repris une activité presque normale avec des mesures d’hygiène renforcées. Pour eux, le risque de contamination réside surtout dans les aérosols, estiment deux professionnels.

«Nos instruments rotatifs qui envoient de l’air et de l’eau fabriquent des gouttelettes. Cette brumisation, qui part de la bouche du patient, est contaminée de tout ce que contient sa salive ou son sang», explique vendredi à Keystone-ATS Philippe Chapelot, médecin-dentiste et chef de la clinique Adent à Martigny.

 

 

Les gouttelettes vont ensuite se retrouver dans l’air de la salle de soin et aller dans les yeux, le nez, la bouche. Dentistes, hygiénistes, assistants, patients sont en première ligne. «Il faut se protéger en permanence», insiste M. Chapelot. «Si les choses sont bien faites, il n’y a pas de risque. Mais comme le risque zéro n’existe pas, il faut être très prudent», résume-t-il.

Un plan de protection a donc été ""expressément élaboré pour que les cabinets puissent rouvrir tout en garantissant la sécurité du personnel et des patients", ajoute la dentiste Caroline Dierckx, membre du comité SSO Valais. Il a été conçu par des scientifiques, la Société suisse des médecins-dentistes (SSO) et l’association des médecins-dentistes cantonaux de Suisse (AMDCS).

Panoplie complète

Parmi les recommandations figure la nécessité d’espacer les rendez-vous d’au moins quinze minutes afin de désinfecter et d’aérer au maximum la salle de soins après le traitement. «Le protocole diffère ensuite si la personne est 'normale', à risque ou porteuse du covid-19», détaille la doctoresse, qui souligne l’importance de trier les patients par téléphone en menant une anamnèse poussée.

Ceux qui sont porteurs du virus peuvent également se rendre chez le dentiste, mais uniquement dans le cadre d’une consultation d’urgence, rappelle Caroline Dierckx qui pratique à Réchy (VS). Et dans ce cas, «le dentiste doit être équipé d’une sur-blouse, d’un masque FFP2, d’une charlotte, de lunettes de protection et de gants».

Le médecin-dentiste Philippe Chapelot, à droite, soigne une patiente avec son assistante dentaire. Keystone

Le mieux est de le soigner en fin de journée, pour s’assurer que tout puisse être entièrement désinfecté, et qu’il n’y ait plus aucun risque de contamination indirecte. De même pour traiter un patient vulnérable, il faudra choisir une plage horaire qui lui fera courir le moins de risques possible, ajoute Philippe Chapelot.

Pour le reste, le plan souligne entre autres qu’il faut organiser la salle d’attente de manière que les patients soient suffisamment espacés. Le mieux étant de condamner entièrement la pièce et de les installer directement sur le fauteuil dentaire. En clair, si la règle des deux mètres ne peut être respectée au moment des soins, elle doit impérativement l’être le reste du temps. Y compris entre membres du personnel, affirme en substance Caroline Dierckx.

Sous surveillance

Les mesures «augmentées» établies par la SSO sont nécessaires et leur application est surveillée par le Service de protection des travailleurs, qui dépend du département valaisan de la santé, en charge de vérifier «toutes les branches économiques encore actives (avec le soutien de la SUVA sur les chantiers et dans les industries)», détaille Nicolas Bolli, chef de ce service.

Depuis lundi, ils ont mené plus d’une centaine de contrôles sur place sans compter les évaluations téléphoniques. Une petite dizaine a concerné les cabinets de dentistes. «Mis à part certains ajustements, les dispositifs examinés sont bien conçus et généralement bien respectés par la branche», analyse Nicolas Bolli.

Port des masques et visières par les dentistes et le personnel, contrôle préalable des symptômes covid-19 chez les patients, fréquence des nettoyages, limitation du nombre de personnes en salle d’attente, présence de plexiglas ayant les bonnes dimensions: tout est contrôlé et mesuré. Lundi midi, c’est le cabinet de Philippe Chapelot qui a été passé à la loupe. La vérification a duré quarante-cinq minutes. «Notre semaine a commencé très fort!».

Chiffre d’affaires affecté

En temps normal, les dentistes utilisent déjà, dans une certaine mesure, ce matériel de protection. Ce qui pèse lourd actuellement c’est l’organisation et la planification, notent les deux médecins dentistes. Tous deux relèvent qu’ils voient beaucoup moins de patients que d’habitude.

«On essaie d’être stratégiques et de faire plusieurs petits traitements lors du même rendez-vous, quitte à le rallonger, plutôt que de faire revenir le patient, mais on perd clairement en quantité de soins», abonde Philippe Chapelot.

Même en ayant rouvert et en faisant face à une certaine demande, les cabinets restent économiquement affectés. Et les deux professionnels d’anticiper que l’impact sur leurs chiffres d’affaires sera important.

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