Plus de 100 personnes meurent chaque année en Suisse faute de greffe, en raison d'un des taux de donneurs d'organes parmi les plus faibles d'Europe. Fort d'une première étude nationale dans les services de soins intensifs et d'urgence, Swisstransplant présente des pistes pour améliorer la situation.
Si de nombreuses voix réclament le remplacement du principe du consentement explicite par celui du consentement présumé du donneur potentiel, comme c'est le cas dans la plupart des pays voisins, Swisstransplant estime que d'autres mesures permettront d'améliorer la situation en Suisse. Plus de 1100 patients sont sur liste d'attente d'une greffe.
Preuve, pour Swisstransplant, que la question n'est pas liée à la forme du consentement, certains services de soins intensifs, en particulier dans les grands hôpitaux et plutôt en Suisse romande, connaissent un taux de dons d'organes tout à fait comparable avec l'étranger. La loi étant la même dans toute la Suisse, les différences proviennent donc avant tout d'un état d'esprit et des moyens mis à disposition.
Milliers de données analysées
Présentée mercredi à Berne, la première étude nationale exhaustive réalisée pour déterminer le nombre de donneurs potentiels d'organes parmi les patients qui meurent à hôpital le confirme. Mandaté par Swisstransplant et l'Office fédéral de la santé publique, le Comité national du don d'organe a analysé les données, durant un an, des 76 hôpitaux disposant d'une unité de soins intensifs et des 52 services d'urgence.
Ceux-ci ont été répartis en six réseaux de dons. Il apparaît que des donneurs ont été recensés dans 60% des établissements de Suisse romande et du Tessin, ce taux tombant à 28% dans la région zurichoise et même à 23% dans celle de Berne.
Petits hôpitaux montrés du doigt
Ces taux sont directement liés aux ressources mises à disposition, affirme Franz Immer, directeur de Swisstransplant. Dans certains petits hôpitaux régionaux, la question du don d'organe est totalement négligée.
De meilleurs chiffres ont été obtenus dans les cantons où les ressources financières et humaines ont été allouées de manière ciblée. Dans les réseaux de dons composés de personnel qualifié et formé, on constate qu'un plus grand nombre de donneurs est identifié, signalé et transmis à un centre de référence pour les donneurs d'organes.
Etendre les mesures
Les mesures efficaces déjà en place devraient être étendues à l'ensemble de la Suisse, propose l'étude. Tous les proches susceptibles d'être amenés à décider d'un don d'organes doivent bénéficier d'un encadrement optimal au cours du processus et être informés de manière transparente et franche par un personnel qualifié.
Tous les hôpitaux doivent être sensibilisés au don d'organes afin d'être en mesure d'identifier et de signaler les donneurs potentiels. Pour Swisstransplant, il s'agit d'élaborer, sous la direction du Comité National du Don d'Organes (CNDO), des standards dans chaque hôpital. Ces derniers devront regrouper des formations continues pour le personnel spécialisé afin d'établir les structures et processus nécessaires.
Besoin en lits
A cet égard, il revient aux cantons de financer les spécialistes nécessaires qui assurent l'identification, le signalement et la prise en charge des donneurs potentiels tout en garantissant l'information et l'encadrement des proches. Détecter un donneur est une chose, concrétiser une transplantation en est une autre.
Il faut ainsi veiller à ce que les hôpitaux disposent de suffisamment de ressources (en personnel et en lits), pour accueillir les donneurs d'organes potentiels dans les unités de soins intensifs et leur assurer le meilleur suivi médical possible.
Swisstransplant est l'organisme chargé par la Confédération d'organiser et coordonner toutes les activités relatives à l'attribution d'organes.