Le départ d’Alain Berset va-t-il provoquer un rééquilibrage des forces politiques au sein du Conseil fédéral? En annonçant, ce mercredi, son retrait du gouvernement pour la fin de l’année, le socialiste ouvre tout du moins le jeu.

Souvent, les conseillers fédéraux choisissent de démissionner en cours de mandat, afin de provoquer des élections anticipées et ainsi de consolider le siège que détient leur parti. Mais cette fois, Alain Berset a décidé de ne pas se représenter pour une quatrième législature, exposant de facto son siège aux élections fédérales de cet automne.

La stratégie permet tout de même aux socialistes de s’offrir un plus grand espace médiatique ces prochains mois. Celui ou celle qui lui succédera sera élu en décembre, en même temps que les six autres conseillers fédéraux.

Des Verts aux aguets

Si le PS reste aujourd’hui la deuxième force politique du pays, les Vert’libéraux et les Verts lorgnent sur l’une des deux places occupée par le parti à la rose.

Dans une prise de position, les premiers indiquent se réserver le droit, si les résultats des élections leur sont favorables, de revendiquer le siège d’Alain Berset. Ils jugent en effet le PS désormais «surreprésenté» au Conseil fédéral.

Mais ceux qui risquent vraiment de faire de l’ombre aux socialistes sont les Verts. «Nous sommes devenus, en 2019, la 4e force du pays. Nous avons donc droit à un siège au Conseil fédéral et prévoyons une candidature lors du renouvellement intégral en 2023», indique Fabien Fivaz, vice-président du groupe aux Chambres fédérales.

Le PLR est aujourd’hui surreprésenté. Le scénario utile serait de renforcer la gauche.

Fabien Fivaz, vice-président du groupe parlementaire des Verts

«Tous les scénarios sont ouverts»

Le conseiller national neuchâtelois espère que les écologistes ne devront pas affaiblir leur allié de gauche pour se renforcer. «Le PLR est aujourd’hui surreprésenté. Le scénario utile serait de renforcer la gauche», avance-t-il.

Mais si la seule opportunité pour les Verts est de s’emparer d’un siège rouge, ils ne se gêneront désormais plus, souligne-t-il.

Les choses se préparent déjà en coulisse. Une commission de sélection chargée de trouver les bons profils a été mise en place par les écologistes et leur groupe devra se prononcer à l’automne sur les détails et un calendrier précis.

«Le rêve de l’UDC et du PLR»

Questionnée sur une potentielle attaque écologiste, la direction du parti socialiste s’est montrée stoïque lors d’un point presse ce mercredi. «C’est le rêve de l’UDC et du PLR que la gauche commence à s’autodétruire pendant cette campagne», a imagé le coprésident Cédric Wermuth. Pour lui, il ne fait aucun doute que la Suisse a besoin de deux socialistes au Conseil fédéral.

Les cadres du parti ont annoncé que les préparatifs pour la succession d’Alain Berset se mettront en place en marge de la session d’automne, qui débute mi-septembre.

«Contrairement à la dernière vacance l’automne dernier, nous avons beaucoup de temps devant nous», a justifié le chef de groupe démissionnaire Roger Nordmann, dont le parti doit encore désigner le remplaçant.

«L’occasion d’un rééquilibrage»

C’est donc à l’automne que seront connus les délais de candidature et les critères de sélection. Le choix de privilégier uniquement des candidatures féminines pour remplacer Simonetta Sommaruga avait, on s’en souvient, provoqué des remous.

L’élection de la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider avait, elle, été critiquée outre-Sarine; quatrième Latine, elle mettait à mal l’équilibre linguistique du Conseil fédéral.

Les revendications des Verts à l'encore du siège socialiste me semblent donc prématurées.

Damien Cottier, chef du groupe PLR

Pour le chef du groupe PLR Damien Cottier, cette élection sera «l’occasion d’un rééquilibrage. Il serait probablement assez logique que le siège revienne à un ou une Alémanique.»

Pour le Neuchâtelois, il faut dans tous les cas attendre les résultats des élections fédérales avant de discuter d’éventuels changements au Conseil fédéral. «Les revendications des Verts à l'encore du siège socialiste me semblent donc prématurées», assène-t-il.

Nombreux papables

Pour l’heure, aucun candidat socialiste ne s’est officiellement présenté. Et il y a fort à parier qu’ils seront nombreuses et nombreux à laisser passer l’été avant de se prononcer.

Parmi les papables du parti à la rose, le sénateur zurichois Daniel Jositsch semble en bonne place. Le quinquagénaire n’avait pas été retenu sur le ticket socialiste, exclusivement féminin, lors de la succession de Simonetta Sommaruga. La sénatrice bâloise Eva Herzog, finaliste malheureuse face à Elisabeth Baume-Schneider, pourrait retenter sa chance pour la troisième fois.

Peu de chance pour les Romands

D’autres personnalités sont aussi évoquées, comme les deux coprésidents du parti, la Zurichoise Mattea Meyer et l’Argovien Cédric Wermuth. Les conseillers nationaux bernois Evi Allemann, candidate l’année dernière, et Matthias Aebischer, ancien journaliste de la SRF, sont cités.

Les noms des conseillères nationales bernoises Nadine Masshardt et Flavia Wasserfallen, ainsi que de la Zurichoise Priska Seiler-Graf, le président du gouvernement de Bâle-Ville Beat Jans le conseiller national grison Jon Pult circulent aussi.

Des candidatures romandes semblent en revanche moins probables après l’élection surprise d’Elisabeth Baume-Schneider. Elles auraient dans tous les cas que très peu de chances d’aboutir. Parmi les poids lourds, on peut tout de même évoquer les conseillers nationaux Pierre-Yves Maillard et Roger Nordmann, ainsi que la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz, tous trois Vaudois.

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Devant quelque 300 délégués réunis à Sursee, Gerhard Pfister s’est montré confiant et optimiste pour la dernière ligne droite de la campagne.