Ex-banquiers suisses sur le banc des accusés à Côme

Un ancien banquier de Lugano est impliqué dans un procès pour blanchiment. Ne voulant pas révéler le nom de son client il pourrait être poursuivi.

21 févr. 2013, 17:16
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L'ex-réviseur des comptes d'une banque de Lugano, appelé à témoigner jeudi dans un procès en cours à Côme (I) pour blanchiment d'argent, risque d'être accusé de faux témoignage. L'homme n'a pas voulu révéler l'identité d'un client de la banque.

Le témoin a d'abord évoqué le secret bancaire pour ne pas dévoiler le nom du titulaire d'un compte sur lequel de l'argent aurait été blanchi. Mais après délibérations la cour a établi que l'information requise ne violait pas la norme suisse et a enjoint le témoin à répondre.
 
Celui-ci a affirmé ne pas se souvenir de l'identité du client. Le tribunal a invoqué la possibilité de déférer le témoin devant le procureur. Le procès a dès lors été ajourné au mois de mars.
 
Plus de 30 millions d'euros
 
Les débats qui se tiennent devant le tribunal de Côme (Lombardie), à une trentaine de kilomètres de Lugano, ont débuté en octobre 2012. Selon l'acte d'accusation, les suspects ont aidé leurs clients italiens à cacher plus de 30 millions d'euros sur des comptes en Suisse.
 
Ces sommes auraient été dissimulées au fisc italien. Au total 49 personnes, des Suisses et des Italiens, répondent de participation à une association criminelle et de blanchiment d'argent.
 
Parmi les principaux prévenus figurent des banquiers tessinois qui occupaient au moment présumé des faits des postes de cadre au sein d'établissements tels que Banca Arner, Finter Zurich ou encore Wegelin. Des collaborateurs des banques CIAL, BPS Suisse et Euromobiliare sont également concernés. L'ex-réviseur des comptes appelé jeudi à la barre des témoins travaillait justement pour la banque Euromobiliare de Lugano.
 
Argent caché dans des voitures
 
"Les banquiers suisses ont contribué à souiller le système économique", a déclaré le juge d'instruction italien en commentant la mise en accusation. Ils ont agi selon lui en tant qu'instigateurs et organisateurs au sein d'une association criminelle.
 
Pour faire passer l'argent par la frontière, ils auraient collaboré avec des mules professionnelles. Ces derniers, contrebandiers expérimentés, auraient eu recours à des voitures spécialement aménagées et munies de caches.
 
Ecoutes téléphoniques
 
Plusieurs de ces passeurs présumés figurent aussi parmi les accusés. Les écoutes téléphoniques effectuées par la police financière italienne prouveraient qu'ils ont directement reçu leurs instructions des banquiers suisses.
 
Les accusés réfutent les charges de blanchiment d'argent dont ils font l'objet. Le procès qui reprendra en mars devrait encore durer plusieurs mois. La date du jugement n'est pas encore connue.