Une pétition pour la gratuité des tests prospère en ligne. Lancée il y a une semaine, elle approche déjà les 250 000 signatures. A l’origine de cette récolte inédite, Maja Balmer soutient que «l’extension de l’obligation du certificat et la facturation des tests produiraient une inégalité de traitement pour environ 40% de la population suisse». Les partis parlementaires semblent acquiescer. A l’exception du PLR, tous plaident désormais pour abandonner ou différer l’idée de faire payer les tests dits de «convenance».

Le 25 août dernier, le Conseil fédéral décidait de ne plus rembourser le dépistage des personnes asymptomatique à partir du premier octobre. Un test antigénique coûte une cinquantaine de francs. Pour le ministre de la santé Alain Berset, «faire porter à l’ensemble de la société le coût de tests effectués semaine après semaine, ce n’est ni réaliste ni souhaitable». Combattue par les Verts et l’UDC, cette mesure destinée à encourager la vaccination a été suivie de peu par l’extension du certificat Covid aux restaurants et aux lieux de loisirs, prononcée il y a une semaine et entrée en vigueur ce lundi.

Verts et UDC ensemble

Dans un communiqué envoyé hier, l’UDC exige que la Confédération continue à assumer les coûts des tests au-delà de la fin de ce mois, et «tant que l’obligation de présenter un certificat s’applique». Pour le conseiller national Jean-Luc Addor, «non seulement il y a un intérêt pour la santé publique à ce que les gens se fassent dépister, mais la gratuité des tests est la seule soupape qui permet de rétablir un semblant de proportionnalité dans cette obligation vaccinale qui n’ose pas dire pas son nom». Le Valaisan insiste: «Le Conseil fédéral a échoué à convaincre alors il a choisi de contraindre».

Conseillère nationale chez les Verts, Léonore Porchet sourit: «Il aura fallu une pétition pour faire évoluer les positions, mais nous sommes heureux de constater que nous avions raison depuis le début». Au cours des débats de la commission de la santé, son parti avait plaidé pour la gratuité des tests, sans parvenir à réunir une majorité. En insistant sur l’importance des dépistages pour combattre l’épidémie, et en dénonçant des mesures antisociales pour les étudiants et les travailleurs, la Vaudoise estime que les choix doivent être clairs: «Soit on impose une obligation vaccinale, soit on donne la possibilité à tout le monde d’avoir accès à toutes les activités sociales».

Le Centre et le PS ont changé d’avis

Entre la consultation lancée par le gouvernement et la session parlementaire qui vient de débuter, ce sont surtout les positions du Centre et du parti socialiste qui ont évolué. La centriste fribourgeoise Marie-France Roth-Pasquier se défend de céder à la démagogie et espère apaiser le débat: «La combinaison du certificat étendu et des tests payants est discriminante pour les personnes non vaccinées et provoque de vives réactions. Nous souhaitons que le Conseil fédéral revienne sur sa décision pour augmenter l’acceptation des mesures».

Pour la socialiste Flavia Wasserfallen, la gratuité des dépistages n’affaiblirait pas la campagne de vaccination: «Elle a bien repris et devoir se soumettre à un test plusieurs fois par semaine pour aller dans un bar ou un fitness alourdira le quotidien de ceux qui font ce choix». La Bernoise s’inquiète pour le vote du mois de novembre: «Les mesures commencent à aller trop loin et nous devons bien soupeser chacune d’entre elles pour maintenir un certain équilibre. Il est essentiel d’obtenir une victoire sur la loi Covid, parce que nous ne pourrons pas lutter contre la pandémie sans elle».

Le médecin Michel Matter et les Vert’libéraux espèrent eux une gratuité prolongée mais limitée dans le temps, surtout parce qu’ils se font du souci pour la cohésion du pays: «Le dépistage doit rester à la portée de tout le monde, jusqu’aux budgets les plus modestes. Le risque, c’est que certaines personnes finissent par ne plus adhérer aux mesures.»

Des alternatives possibles?

Aujourd’hui, le PLR est le seul parti à soutenir encore la position gouvernement. Mais les parlementaires n’ont pas d’outil contraignant pour le forcer à revenir sur son ordonnance. Pour Léonore Porchet, «c’est compliqué et nous tentons de mettre autant de pression que possible sur le Conseil fédéral». Selon Jean-Luc Addor, «avec sa politique du pistolet sur la tempe, le gouvernement produit de la frustration, et je crois qu’il n’a pas bien évalué les conséquences de ces mesures extrêmes sur les victimes».

Les sept ministres se réuniront vendredi. S’ils peuvent aborder la question, tout indique que les quatre ministres de droite continueront à soutenir la fin des tests gratuits. Malgré tout, des alternatives pourraient encore émerger, comme la prolongation provisoire de la situation actuelle, ou l’exemption de paiement pour les vaccinés qui ne sont pas encore complètement immunisés.

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