Le président français François Hollande est attendu mercredi en Suisse pour une visite d'Etat de deux jours. L'occasion de tourner la page d'une série de brouilles et pour aborder les échanges économiques, la croissance verte et l'apprentissage, les trois axes de cette rencontre. Par ailleurs, le dossier de l'aéroport de Bâle-Mulhouse serait presque réglé.
L'écologie sera au coeur de la visite du président français car en matière de croissance verte, la Suisse est un "modèle" et se situe à l'"avant-garde", souligne-t-on à Paris. Sans oublier que la France accueillera en décembre prochain la conférence mondiale de l'ONU sur le climat pour laquelle elle nourrit de grandes ambitions.
M. Hollande se rendra ainsi jeudi auprès de l'entreprise Ernst Schweitzer, championne du "clean tech", sise à Hedingen (ZH) et de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (VD). Un échange avec des professeurs et des étudiants au Rolex Learning Center est prévu.
Lors de la rencontre officielle, la présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga et son homologue français parleront investissements avec les milieux d'affaires franco-suisses jeudi en fin de matinée.
Le troisième axe de cette visite comprend la formation professionnelle et l'apprentissage. Un "modèle d'excellence" de la Suisse qui rejoint "une priorité forte" du président Hollande, selon les termes de l'Elysée.
Libre circulation
Lors de sa visite, François Hollande se rendra aussi mercredi soir au Centre Paul Klee à Berne. L'occasion d'évoquer pour lui les 150'000 travailleurs transfrontaliers qui rejoignent quotidiennement la Suisse, mais aussi d'aborder la libre circulation des personnes en lien avec la votation du 9 février sur "l'immigration de masse".
Les thèmes du Grand Genève, des infrastructures de transport ou du logement sont aussi au programme. Comme le veut la tradition, un dîner de gala aura lieu à la fin du premier jour de visite. Le repas est prévu au Bernerhof.
La visite s'achèvera jeudi en fin d'après-midi par une rencontre avec le président du Comité international olympique, l'Allemand Thomas Bach, alors que la Ville de Paris est depuis lundi officiellement candidate à l'organisation des JO d'été de 2024.
Accord de principe sur Bâle-Mulhouse
Dans une interview retranscrite sur le site de la RTS mardi, le chef du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) Didier Burkhalter souhaite "qu'entre les visites, les discours et les faits, il y ait une adéquation" et que des accords se concrétisent.
Dans cette volonté d'aller de l'avant, "la question du statut de l'aéroport de Bâle-Mulhouse et de celle du secteur douanier sont réglées et nous allons déjà signer un accord de principe avec Laurent Fabius (ndlr, son homologue français) demain (ndlr, mercredi) par lettres interposées", indique le chef du DFAE.
Il souligne toutefois que plusieurs points restent à éclaircir dans ce dossier comme celui de la fiscalité des entreprises et de la possibilité d'imposer la TVA suisse sur sol français.
Gouvernance du Rhône
La question de la gouvernance du Rhône pourrait aussi être mise sur la table. Les élus français ont déjà manifesté leur préoccupation à ce propos lors de la visite du président du Conseil national Stéphane Rossini (PS/VS) vendredi dernier à Paris.
"Notre travail est de proposer des pistes pour réfléchir à ce que pourrait être la gouvernance du Rhône dans un avenir plus ou moins proche", relève Christian Bréthaut, coordinateur du projet GOUVRHÔNE mené par l'Université de Genève dans un entretien accordé mardi aux journaux "24 Heures" et "La Tribune de Genève".
Le fleuve est utilisé pour le refroidissement de plusieurs centrales nucléaires en amont de la frontière suisse et l'Hexagone craint de ne pas disposer de suffisamment d'eau en cas de forte sécheresse.
Dix-sept ans depuis Chirac
"Le choix quant à la mise en oeuvre de telle ou telle solution dépendra uniquement des acteurs concernés", conclut M. Bréthaut. L'étude financée par les deux pays devrait être publiée cet été, a encore précisé l'ambassadeur suisse à Paris Bernardino Regazzoni.
Les précédentes visites officielles de présidents français remontaient à Jacques Chirac en 1998, François Mitterrand en 1983, et... Armand Fallières en 1910.