L'UDC, victorieuse dimanche, compte bien tirer parti de son succès en vue des élections fédérales de 2015. Toni Brunner veut imposer la politique en matière des étrangers comme thème de campagne. En réussissant à toucher un électorat modéré, le parti conservateur s'est donné un atout majeur.
"Les autres formations se refusent à empoigner cette thématique. Nous le faisons", a déclaré lundi le président de l'UDC. Si les Suisses demandent plus d'ordre et de volonté en matière de politique des étrangers, l'UDC a des solutions.
Même si l'initiative contre l'immigration de masse ne constitue pas le point de départ de la campagne pour les élections fédérales, elle influencera ce scrutin . "Les prochains mois et prochaines années seront décisifs pour le Conseil fédéral et le Parlement", ajoute conseiller national st-gallois.
Vote-sanction en 2015
Le gouvernement doit maintenant mettre en oeuvre la volonté du peuple. "S'il ne fait rien, les élections fédérales de 2015 seront alors la prochaine occasion pour procéder à des changements de personnes", déclare Toni Brunner. Le président de l'UDC rappelle que son parti réclame de longue date un deuxième siège au Conseil fédéral.
Des succès comme l'acceptation de l'initiative montrent que le peuple exige un changement de paradigme en matière de politique des étrangers. "Sur cette question, le peuple fait davantage confiance à l'UDC qu'au gouvernement ou au Parlement", ajoute-t-il. Les 50,3% des suffrages pour l'initiative sont une preuve de confiance de la population qui va au-delà des différences entre partis.
Electorat modéré
Le politologue Oscar Mazzoleni confirme cette ambition. Avec son initiative, le parti conservateur a habilement touché à des problèmes très différents, comme l'emploi, le dumping des salaires ou les étrangers. "Cette initiative a réussi à fédérer des préoccupations très diverses" qui font mouche tant auprès de l'électorat de gauche que celui de droite, estime le professeur de l'Université de Lausanne.
Il est clair que l'UDC va utiliser ce capital politique en vue de la campagne pour les élections fédérales de 2015. La votation de dimanche avait, pour l'expert, valeur de test. Après son échec en 2011 à conquérir des sièges au Conseil des Etats, les démocrates du centre ont opté pour une communication plus "modérée" en rupture partielle avec leur style provocateur habituel.
Le parti va surfer encore plusieurs années sur les soucis de la population. Quant à émettre un pronostic pour les prochaines élections fédérales, et miser sur une nouvelle progression du parti conservateur, le politologue ne s'y risque pas. L'échéance est bien trop lointaine. Toni Brunner affirme lui que son parti devrait sortir renforcé après les élections de 2015.
Le plus tôt sera le mieux
Dans l'immédiat, le président de l'UDC a réitéré son appel au Conseil fédéral pour qu'il forme rapidement un groupe de travail. Mais la balle est maintenant dans le camp du gouvernement. Berne ne devrait pas se laisser influencer par l'Union européenne. Plus tôt on agira, plus vite on réglera le sort de l'initiative populaire Ecopop qui veut limiter à 0,2% par an la croissance de la population due à l'immigration.
Toni Brunner soutient la demande du PDC de profiter des prochains entretiens de Watteville, vendredi, pour évoquer l'application de l'initiative.
Thèmes "urgents"
Dans les semaines et mois à venir, l'UDC entend se concentrer sur différents thèmes qu'elle juge urgents. Elle a par exemple à son agenda la révision de la loi sur les étrangers qui veut encourager l'intégration tout en sévissant contre les personnes qui ne font pas assez d'efforts.
La mise en oeuvre de l'initiative pour le renvoi des criminels étrangers est aussi au menu. "Le Parlement a encore fort à faire" et l'UDC suivra étroitement les travaux et décidera si le peuple doit se prononcer une nouvelle fois.