CHRISTINE WUILLEMIN
«Je proteste!» C’est ainsi que Saïda Keller-Messahli a, pour la première fois, pris la parole dans sa classe de Grindelwald, dans l’Oberland bernois où elle a passé une partie de son enfance, déchirée entre la Suisse et son pays d’origine, la Tunisie. Jusque-là discrète en raison de son suisse allemand encore approximatif, la fillette de sept ans a pris son courage à deux mains pour s’opposer à «une idée stupide qu’avait eu le prof». «Mon intervention a surpris tout le monde. On m’en parle encore», raconte-t-elle le sourire aux lèvres. Un sourire si irradiant qu’il en faisait presque oublier le crachin qui enveloppait, ce matin-là, la ville de Zurich où vit depuis plus de trente ans cette femme au tempérament de battante.
Car depuis cet acte de révolte, Saïda Keller-Messahli n’a jamais cessé de faire entendre sa voix. Que ce soit pour défendre les droits des...