Les moyens pour l'entretien des routes diminueront ces prochaines années puisque les voitures électriques seront toujours plus nombreuses et les véhicules traditionnels de moins en moins gourmands. TA-SWISS préconise donc de remplacer l'impôt sur les huiles minérales par une taxe sur le trafic.
Les voitures électriques ont pour grand avantage de réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et de diminuer les émissions de CO2. Actuellement, le coût élevé et l'autonomie limitée de leurs batteries ont un effet dissuasif, mais cela va changer au fil des années, a estimé lundi devant les médias à Berne Peter de Haan, du bureau d'ingénieurs Ernst Basler und Partner, l'un des auteurs de l'étude du Centre d'évaluation des choix technologiques (TA-SWISS).
Les batteries deviendront plus performantes grâce aux progrès techniques. En 2035, la consommation d'une voiture électrique compacte, qui s'élève aujourd'hui à 24 kilowattheures (kWh) pour 100 kilomètres, passera à 16 kWh, ce qui constitue une économie de 30%, ont calculé les auteurs de l'étude.
Nombre de km et efficience énergétique
A cet horizon, une nouvelle voiture sur deux en Suisse fonctionnera à l'électricité. Mais ces véhicules ne remplaceront pas pour autant les voitures à essence ou à diesel, dont la consommation diminuera elle de 36%, a souligné Peter de Haan. L'expert prévoit donc que d'ici 2050, l'ensemble du trafic motorisé émettra deux fois moins de CO2 qu'aujourd'hui.
Cette évolution ne présente pas que des avantages. Avec l'augmentation du nombre de véhicules électriques et des moteurs à combustion de plus en plus économes, les recettes publiques provenant des droits sur les carburants diminueront. A moyen terme, les fonds pour l'infrastructure des transports devraient donc se tarir.
La tarification de la mobilité ("mobility pricing") permettrait de compenser la disparition progressive de ces recettes. Pour Peter de Haan, il faut remplacer l'impôt sur les huiles minérales par une taxe sur le trafic. Celle-ci tiendrait compte du nombre de kilomètres parcourus, mais aussi de l'efficience énergétique du véhicule, a-t-il insisté.
Elle contribuerait aussi à promouvoir l'utilisation combinée des moyens de transport publics et individuels. Plus écologiques et moins chères, les voitures risquent de concurrencer les transports publics et les vélos et d'occasionner encore plus de bouchons sur les routes, a prévenu Peter de Haan.
Pollution
Autre recommandation de TA-SWISS: il faudra tenir compte non seulement de la consommation d'énergie dans la phase de fonctionnement mais aussi de l'impact environnemental exercé par les véhicules sur l'ensemble de leur cycle de vie.
La construction des voitures électriques est environ 20% polluante que celle des véhicules traditionnels, a rappelé Rainer Zah, du laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA), co-auteur de l'étude. L'extraction des matières premières et la fabrication de la batterie engendrent des émissions nocives.
Il conviendra aussi de réfléchir au recyclage des matériaux employés et de réduire la dépendance vis-à-vis des matières premières.
L'étude de TA-SWISS, un centre de compétence des Académies suisse des sciences, a notamment été financée par l'Office fédéral de l'environnement et l'Office fédéral des routes. Elle tient compte de la stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral et donc de l'électricité disponible ces prochaines décennies, a indiqué Rainer Zah.