Le conseiller national (Verts/AG) et maire de Baden (AG), Geri Müller, aurait envoyé à une connaissance des selfies nu pris de son bureau durant ses heures de travail, rapporte dimanche la "Schweiz am Sonntag." Dans une prise de position adressée à l'ats, M. Müller considère ces informations comme privées. Les Verts argoviens se distancient de leur collègue.
Le conseiller national des Verts, 53 ans, a pris position dimanche à midi concernant ses supposés échanges virtuels avec une jeune femme de 21 ans. Contrairement à ce qu'affirme le journal dominical, "il s'agissait là d'une affaire privée", a fait savoir, par l'intermédiaire de son avocat Andreas Meili, l'homme, qui vit séparé de sa femme et père de trois enfants.
La femme avec qui il était en contact l'aurait mis sous pression et aurait menacé de divulguer aux médias et à des tierces personnes des éléments d'ordre privé. "Afin de me causer du tort", écrit-il. Le politicien aurait tenté de décourager la jeune femme et de protéger sa sphère privée, "sans succès".
"Après qu'elle a menacé de se suicider, j'ai alerté la police cantonale bernoise", dit encore le conseiller national écologiste. Et Geri Müller de faire son auto-critique: "Je suis moi-même à blâmer, je pensais que le privé resterait du domaine du privé.
Le maire de Baden n'a pas souhaité s'exprimer plus avant. "Cela afin de protéger la sphère privée de toutes les personnes concernées."
Les Verts argoviens se distancient
La section cantonale des Verts argoviens s'est pour sa part réunie dimanche en début d'après-midi pour une réunion de crise. "Nous nous distançons du comportement de Geri Müller, qui pourrait causer du tort à la réputation et à l'intégrité de la ville (de Baden, ndlr) ou des autorités", ont-ils indiqué dans un communiqué.
"Une relation privée a pris ici une dimension publique", poursuit le communiqué. Les collègues de parti de M. Müller attendent cependant que les faits soient examinés. Juger son comportement aujourd'hui serait prématuré et peu sérieux, estiment-ils pourtant. "Nous apprécions son travail politique en ville de Baden."
Le président de la section cantonale, Jonas Fricker, s'est montré plus clair dimanche à midi: "Si toutes les informations se confirment, Geri Müller devra en tirer les conséquences", a-t-il déclaré à l'ats.
L'affaire fait également des vagues au niveau national. La co-présidente du parti, Regula Rytz, a écrit à l'ats qu' "en l'état actuel des informations à disposition", elle soutient la position de M. Fricker. Elle n'a pas souhaité en dire plus, attendant d'en parler avec le principal intéressé.
Le conseiller national Balthasar Glättli et président du groupe des Verts aux Chambres fédérales a pris la défense de son collègue. Il estime que, jusqu'à preuve du contraire, l'Argovien "n'a pas abusé de sa fonction" et qu'"il n'y a donc pas lieu de faire de ces selfies une affaire d'Etat", surtout si les personnes concernées ont agi librement.
"Geri Müller est un homme public. Les exigences en matière de moralité sont par conséquent plus élevées, d'autant plus que ces selfies ont été pris sur son lieu de travail, l'hôtel de ville de Baden", a relevé pour sa part Mark Balsiger, un conseiller politique alémanique. "S'il veut sauver sa tête, il doit agir vite, sauter par-dessus son ombre et donner sa version dans son intégralité à la presse".
Femme entendue et perquisition
Le téléphone que M. Müller a passé à la police mercredi dernier a conduit la police de Baden à interroger la jeune femme, qui vit à Berne. Une information confirmée à l'ats par la police cantonale argovienne. Aucun comportement répréhensible pénalement ne lui a été reproché. La femme n'a pas non plus déposé plainte, a déclaré un porte-parole de la police.
Jeudi, suite cette fois à une plainte de M. Müller, la police cantonale bernoise a effectué une perquisition au domicile de la jeune femme, a confirmé à l'ats un porte-parole de la police bernoise.
La "Schweiz am Sonntag" affirme que lors de la relation virtuelle entre Geri Müller et la jeune femme, des photos de nu du conseiller national auraient été échangées. Certains de ces selfies auraient été pris à l'Hôtel de Ville de Baden et envoyés durant ses heures de travail. Le journal s'appuie sur des documents qu'il a à disposition.