Dans le sud-ouest de la France, plus de 400 agriculteurs avec quelque 70 tracteurs du Tarn-et-Garonne ont organisé des actions coup-de-poing jeudi soir devant des grandes surfaces et laiteries. En Ariège, une centaine d'autres ont formé des barrages pour perturber l'approvisionnement de ces commerces.
Les modes d'action différaient sensiblement. Alors que les agriculteurs FDSEA et les JA (Jeunes agriculteurs) du Tarn-et-Garonne ont entrepris de déverser fumier et détritus devant les grandes surfaces, laiteries et bâtiments publics à partir de 20 heures, en prévoyant une fin de l'action vers 3 heures, ceux de l'Ariège s'installaient pour durer.
Les syndicalistes du Tarn-et-Garonne avaient commencé leurs actions à Castelsarrasin en bloquant les accès à l'autoroute pendant une heure et en déversant du fumier devant une grande surface et devant la sous-préfecture. Un autre groupe menait une action similaire sur l'accès à une autoroute à Caussade et devant une laiterie locale.
Ils ont ensuite convergé vers Montauban. Après avoir dîné devant les locaux de la FDSEA, ils ont commencé la tournée des grandes surfaces à partir de 23 heures. "On vise l'ensemble des hypermarchés de la ville, on va aussi aller à la préfecture", avertissait le président de la FDSEA, Alain Iches, peu avant minuit.
Des barrages levés
Les agriculteurs qui bloquaient dans Finistère le pont de Morlaix, sur l'axe Paris-Brest, ont par ailleurs décrété jeudi soir la levée des barrages dressés depuis trois jours, les derniers dans le grand ouest de la France. Cette annonce a été faite à l'issue d'un rassemblement sur le site, auquel ont participé entre 250 et 300 éleveurs de porcs, de bovins et producteurs de lait.
"On a appelé à la levée des blocages parce que j'estime que ce n'est pas judicieux de maintenir les barrages. Il faut que les agriculteurs se reposent et en plus, il y a du travail sur les exploitations", a expliqué le président des Jeunes agriculteurs du Finistère, Sébastien Louzaouen.
"Les 600 millions d'euros annoncés par le gouvernement, ça rend bien. Mais pour nous, c'est beaucoup de com', et c'est reculer pour mieux sauter", a commenté Sébastien Louzaouen. "Il faut s'attaquer au problème de fond, c'est-à-dire rééquilibrer le rapport de force entre producteurs et la distribution", a-t-il ajouté.
Les éleveurs français sont désespérés par la faible rémunération de leurs productions. Près de 10% des exploitations d'élevage, soit entre 22'000 et 25'000, sont cet été au bord du dépôt de bilan, a reconnu vendredi Stéphane Le Foll, ministre français de l'Agriculture.