MH17: les enquêteurs néerlandais examinent les corps

Les dépouilles des victimes du crash du vol MH17 sont examinées par des experts internationaux dans des wagons qui ne sont pas réfrigérés, malgré ce qui avait été annoncé.

21 juil. 2014, 12:25
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Trois experts néerlandais ont examiné les corps de victimes du crash du vol MH17 à Torez, dans l'Est de l'Ukraine. Alors que Vladimir Poutine a demandé aux séparatistes d'accorder l'accès au site de la catastrophe, Donetsk était l'objet d'une tentative de reconquête par l'armée ukrainienne.

Un masque sur le visage, accompagnés par des représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les enquêteurs ont ouvert les cinq wagons. Ces compartiments étaient censés être réfrigérés mais ne l'étaient pas, une très forte odeur de corps en décomposition faisant vaciller certaines personnes.

Les chefs des séparatistes se sont dits prêts à rencontrer les membres de l'équipe et à les aider à atteindre le site de la catastrophe ou ces wagons. Un groupe de responsables malaisiens était également attendu ce lundi dans l'Est de l'Ukraine.

Les secouristes ont jusqu'à présent retrouvé plus de 270 corps sur le site de l'accident du vol MH17 de la Malaysia Airlines, dont plus de 250 ont été acheminés dans les wagons. Outre les trois Néerlandais, deux experts du bureau d'enquête allemand sur les accidents aériens (BFU) sont arrivés à Kiev et cherchent à se rendre sur le site de l'épave.

Moscou ciblé par les Pays-Bas

Les Pays-Bas ont payé le plus lourd tribut dans la catastrophe, avec deux tiers des passagers tués au total. Quatre Allemands figurent aussi parmi les victimes.

Les autorités ukrainiennes sont disposées à confier la conduite de l'enquête sur l'accident à des partenaires occidentaux, a déclaré lundi le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Les corps pourraient être envoyés aux Pays-Bas pour autopsie.

Il ne fait aucun doute que l'appareil de la Malaysia Airlines a été abattu, très probablement par un missile sol-air Buk-M1 manipulé par des "professionnels", a ajouté le Premier ministre.

Son homologue néerlandais Mark Rutte a dit de son côté que "toutes les possibilités politiques et économiques" étaient envisageables à l'encontre de la Russie si l'accès au site n'était pas pleinement assuré. L'objectif de son pays est de faire partir les trains vers le territoire contrôlé par l'Ukraine, de préférence à Kharkiv.

Discussion prévue à Bruxelles

La ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, a dit lundi s'attendre à une réponse ferme et unie de l'UE, que son pays préside. Elle doit se réunir mardi à Bruxelles avec ses homologues des Vingt-Huit.

Face à l'indignation occidentale sur la gestion du site par les séparatistes, le président russe Vladimir Poutine a affirmé lundi que "tout doit être fait pour garantir la sécurité des experts internationaux". Mais il a réaffirmé que l'accident n'aurait pas eu lieu si l'armée ukrainienne n'avait pas mis fin à une trêve et repris ses opérations militaires.

Et d'ajouter: "toutefois, nul ne doit, et nul n'a le droit d'utiliser cette tragédie à des fins politiques". La presse russe pro-Kremlin estimait de son côté que la vérité sur le crash en Ukraine ne serait jamais révélée, accusant les Occidentaux de rejeter la faute sur la Russie.

Violences à Donetsk

Dans la région du crash, des violences faisaient rage lundi aux abords de la gare centrale de Donetsk. Les forces gouvernementales s'efforçaient de pénétrer dans la ville et un journaliste de Reuters a vu deux blindés des insurgés se diriger vers la gare, alors que la foule fuyait le quartier.

Le conseil municipal de la ville a demandé dans un communiqué aux habitants vivant dans la zone des affrontements "de ne pas sortir de chez eux".

Selon l'un des responsables de la république populaire de Donetsk (autoproclamée par les séparatistes), Sergueï Kavtaradze, au moins quatre chars et véhicules blindés cherchaient à entrer à l'intérieur de la ville. Un porte-parole des opérations de l'armée ukrainienne dans l'Est du pays a dit de son côté que l'opération était en "phase active".

Kiev ordonne l'arrêt des combats

Le président ukrainien Petro Porochenko a demandé à ses forces d'interrompre leurs opérations autour du site du crash du vol MH17, a rapporté l'agence Interfax-Ukraine. Kiev a démenti combattre dans les rues de Donetsk.

"J'ai donné l'ordre: dans un rayon de 40 km du lieu de la tragédie les militaires ukrainiens doivent incessamment interrompre leurs opérations et s'abstenir d'ouvrir le feu", a dit M. Porochenko en rendant visite à l'ambassadeur de Malaisie.

Un porte-parole du Conseil de sécurité ukrainien a lui déclaré que l'armée n'était pas responsable des explosions qui ont eu lieu lundi dans le centre de Donetsk, ville de l'Est du pays tenue par les séparatistes pro-russes.