Cette fois-ci, pas question de thé froid ou d’ouverture de la saison des grillades. «Disparition des glaciers et phénomènes météorologiques extrêmes – le changement climatique menace nos moyens de subsistance.»

Parue sur Facebook en début de semaine, la publication de Migros en a fait s’étrangler plus d’un. Dans le texte, le géant orange explique pourquoi il s’engage en faveur de la loi sur la protection du climat, soumise au peuple le 18 juin prochain.

L’argumentaire, également publié dans le «Migros Magazine» du 22 mai, contient une prise de position d’Ursula Nold, la présidente de la Fédération des coopératives Migros. Intitulée «Il n’est pas trop tard», elle vante autant la nouvelle loi que les actions du groupe en matière de protection du climat.

Sur Facebook, le post a suscité des dizaines de commentaires, la plupart émanant d’internautes opposés à la loi sur le climat. «Migros ferait mieux d’acheter plus en Suisse avec des prix corrects aux producteurs (…) Sa position sur la loi sur le climat c’est juste de la politique fumeuse», réagit l’un d’entre eux.

D’autres pointent du doigt une présumée hypocrisie, évoquant les importations de fruits et légumes en provenance d’autres continents. «Quand on importe par avion ou cargo des asperges du Pérou ou des fruits et légumes d’Egypte, ça a l’air vachement écolo», «dixit une entreprise qui importe des fruits et légumes hors saison qui poussent sous serre», peut-on notamment lire.

«La Suisse ne produit que 60% des aliments qu’elle consomme. Migros offre 70% de produits suisses, mais ne peut pas se passer de l’importation. Ce qui est important, c’est l’objectif que l’on doit atteindre pour l’ensemble et d’importer le plus durablement possible», rétorque Tristan Cerf, porte-parole du géant orange pour la Suisse romande.

«En hiver, l’importation de fruits et légumes permet aux Suissesses et Suisses de manger vitaminé», lance-t-il. En soulignant que les produits arrivés par les airs en Suisse ne représentent que 1% des fruits et légumes en rayon.

«Discussion approfondie»

L’engagement de Migros dans la campagne est lié à celui de la «Communauté d’intérêt du commerce de détail suisse», la faîtière qui comprend également Coop et Denner. (Sur son site, la prise de position de la faîtière est indiquée… par le biais d’un PDF à télécharger, en allemand.)

Comme l’indique une lettre d’information de l’enseigne orange sur sa politique économique, le soutien public à la loi climat a été décidé «après une discussion approfondie» entre les directions des trois enseignes. En clair, cette décision n’était pas, dans un premier temps, évidente.

«Migros a toujours donné son avis sur différents sujets. En général, comme c’est le cas pour la loi sur le climat, plutôt que de faire du lobbying, nous préférons être transparents sur notre position, nous devons ceci à nos coopératrices et coopérateurs», indique Tristan Cerf. «Nous donnons notre avis lorsque l’objet concerne nos activités et impacte notre clientèle», ajoute-t-il.

Le leader helvétique du commerce de détail n’est de loin pas le seul acteur économique d’envergure à militer pour le «oui». Il est l’un des nombreux membres, avec Coop, Novartis, Alpiq ou encore IKEA, de l’alliance Economie suisse pour la loi sur le climat, créée par les associations aeesuisse et swisscleantech.

Dans cette campagne, comme lors de la votation sur la loi sur le CO2, rejetée dans les urnes en juin 2021, Migros et Coop ne militent pas dans le même camp que Migrol et Coop Mineraloel, leurs filiales actives dans le commerce de carburants.

Ces deux sociétés soutiennent la position d’Avenergy, l’association des importateurs suisses de produits pétroliers, qui propose de balayer la loi sur le climat. En 2021, cet engagement opposé avait déjà valu des critiques aux deux géants du commerce de détail.

Migros étend la contribution climat dans ses supermarchés

Dès 2024, il sera possible de verser une contribution climatique lors d’achats dans tous les magasins Migros. Le calcul se base sur le poids des articles ainsi que sur les valeurs d’émissions de CO2.