Le gel de l'accord énergétique avec l'Union européenne a jeté une ombre sur l'inauguration de la caverne des machines du complexe hydro-électrique Nant de Drance (VS). L'exploitant, tout comme Doris Leuthard, a relevé l'importance de l'accès au marché européen.
La caverne, une des plus grandes constructions souterraines d'Europe avec ses 194 mètres de long, 32 de large et 52 de haut, était cachée derrière un gigantesque rideau. Une fois celui-ci tombé, les dimensions de l'ouvrage ont impressionné les 200 invités à l'inauguration.
La caverne abritera un groupe de six turbines, véritable coeur du complexe hydro-électrique de Nant de Drance. L'installation souterraine relie les barrages du Vieux-Emosson et d'Emosson, au-dessus de Martigny. L'accès à la caverne se fait par un tunnel long de 5,6 kilomètres.
L'accès au marché européen de l'électricité est un élément important pour ce complexe capable de fournir en quelques secondes de l'électricité en très grande quantité. Il a beaucoup été question de l'accord énergétique avec la Suisse, gelé par l'UE au lendemain de la votation du 9 février sur l'immigration de masse.
La centrale de pompage-turbinage sera opérationnelle dans cinq ans. L'eau du barrage supérieur est utilisée pour produire de l'électricité à la demande. L'eau est ensuite pompée du barrage inférieur vers le barrage supérieur pour reconstituer les réserves et jouer un rôle d'accumulateur.
Accord énergétique en question
Nant de Drance montre à quel point les relations avec l'Europe et l'accès à son marché sont importants, a déclaré la conseillère fédérale Doris Leuthard lundi lors de la manifestation visant à célébrer la fin du percement. A partir de 2015, le marché de l'électricité sera globalisé dans l'UE.
Sans accord d'ici là, la Suisse ne pourra y participer que comme Etat tiers. Si les négociations ne peuvent pas être remises sur les rails d'ici l'été, "les délais seront alors trop courts", a estimé la conseillère fédérale.
L'accès à ce marché peut remettre en question les perspectives du complexe Nant de Drance. Ce dernier sera opérationnel dans cinq ans et d'ici là le marché européen aura évolué, a dit Mme Leuthard.
"Les 15 prochaines années seront certainement difficiles, mais ces centrales sont construites pour durer", a estimé Mme Leuthard. Pour l'heure, les faibles coûts de l'électricité et la surproduction ne sont pas favorables au pompage-turbinage.
Environnement difficile
Président du conseil d'administration de Nant de Drance SA, Michael Wider a fait part de sa confiance en l'avenir du pompage-turbinage. Sa très grande flexibilité est un atout majeur sur les marchés suisses et internationaux, même si, aujourd’hui, les conditions cadres ne sont pas toutes réunies pour valoriser économiquement ces aménagements, selon lui.
Si l'accès de Nant de Drance aux marchés est problématique, c'est aussi le cas pour les autres grands barrages. Et ces derniers n'ont pas été construits dans le but exclusif d'approvisionner la seule Suisse, a ajouté M.Wider.
Deux autres projets en route
Les installations de pompage-turbinage restent un élément important dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral. Michael Wider estime que la capacité de ces complexes passera de 1700 mégawatts actuellement à 4000 mégawatts en 2020.
Le projet Linth Limmern, du groupe Axpo, est proche de son aboutissement. Un premier groupe de machines doit être mis en service en 2015, les trois autres en 2016. Pour un coût de 2,1 milliards de francs, cette installation de la vallée de la Linth dans le canton de Glaris pourra fournir 1000 mégawatts.
Le projet Lago Bianco de l'entreprise grisonne Repower à Poschiavo dans les Grisons connaît en revanche des retards. L'installation ne pourra pas être opérationnelle avant 2019. L'entreprise a évoqué les faibles prix de l'électricité pour expliquer cette situation.