Dans la mythologie andine, les alpagas étaient considérés comme un cadeau des dieux car ils fournissaient aux Incas de la nourriture et des vêtements. Aujourd’hui encore, cet adorable cousin du lama reste un trésor national au Pérou et une ressource financière non négligeable pour tous les intermédiaires de l’industrie du textile en fibre d’alpaga. Actuellement, 85% des alpagas du monde entier sont élevés au Pérou. Cependant, les Alpaqueros, gardiens de troupeaux, sont dans une situation de plus en plus précaire en raison des prix dérisoires auxquels les entreprises de filages locales rachètent leur fibre. A tel point que leur profession risque de disparaître. Une situation qui a alerté Mercedes Lamborelle qui en a fait un documentaire.

ONU et soutien aux petits entrepreneurs

D’origine péruvienne, la réalisatrice d’«Alpaqueros» a posé ses valises à Begnins en 2007. Très bien intégrée, cette «touche-à-tout» a aménagé à son domicile un atelier où elle perfectionne différentes techniques de création artistique. Très attachée à ses racines, Mercedes Lamborelle connaît les thématiques de son documentaire sur le bout des doigts. De plus, après avoir obtenu un Master en Communication au Mexique, elle a travaillé durant plusieurs années au siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en tant que spécialiste en communication, journaliste et réalisatrice de vidéos.

Dans certains pays, avec un crédit de seulement 1000 dollars, on peut développer formidablement son propre business

Mercedes Lamborelle, journaliste et réalisatrice vidéos

Une de ses missions a été de soutenir, en Afrique et en Amérique Latine, des petits entrepreneurs dans leur recherche de financements pour développer leur commerce. Comme outil didactique, elle a réalisé des capsules vidéo d’informations et de cours à distance, par exemple sur les meilleures façons d’exporter des produits locaux. «Dans certains pays, avec un crédit de seulement 1000 dollars, on peut développer formidablement son propre business», indique la Begninoise. Par ailleurs, la journaliste a réalisé la publication d’un livre avec des portraits de femmes entrepreneuses péruviennes.

Message pour lutter contre les inégalités

Aujourd'hui, elle présente «Alpaqueros» qui est le fruit de cinq années de travail et d’allers-retours entre la Suisse et le Pérou. Sur un ton neutre, la réalisatrice lance une réflexion sur la situation actuelle du commerce de la fibre d’alpaga à tous les échelons. Sa caméra va à la rencontre des gardiens de troupeaux, des femmes tisserandes et des industriels, mais aussi au contact des écologistes et intellectuels. Son message est destiné également au gouvernement péruvien qui a le devoir de protéger ses éleveurs et de réglementer les exportations d’alpagas.

Mercedes Lamborelle en compagnie de femmes tisserandes durant le tournage de son documentaire Alpaqueros. Photo: Sébastien Castro

Mon film fait la promotion du commerce pour le développement social et éthique. Il est primordial que chaque intermédiaire ressorte gagnant

Mercedes Lamborelle, journaliste et réalisatrice vidéos

Filmé en caméra vidéo et terminé en 2020, juste avant la pandémie du COVID, le documentaire n’a pas encore été montré sur grand écran en Suisse. Il a cependant été primé dans deux festivals au Pérou et en Argentine et a été sélectionné dans d’autres manifestations comme Vision du Réel dans la section «Media Library», en 2020. Le festival Let’s doc est une véritable aubaine pour les réalisateurs indépendants qui, comme Mercedes Lamborelle, peine à montrer leur vidéo au grand public. Durant une semaine, Let’s Doc proposera plus de 300 séances dans toute la Suisse pour faire la promotion du documentaire. «Mon film, comme la plupart de mes projets personnels, fait la promotion du commerce pour le développement social et éthique. Il est primordial que chaque intermédiaire, de la production à la vente, ressorte gagnant», conclut la femme engagée.

Infos pratiques

«Alpaqueros», mardi 6 juin à 19h00 en présence de la réalisatrice, Maison des Arts du Grütli à Genève (Fonction Cinéma).

Non au prix unique du livre

Le projet de loi sur le prix unique du livre a été rejeté dimanche à 56,1%.