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Somalie: mise en scène macabre du soldat français tué

Les shebabs somaliens ont réalisé une mise en scène macabre avec le corps du soldat de l'armée française mort dans l'opération de libération en Somalie. Huit autres otages français sont détenus au Sahel et leur sort est plus que jamais incertain depuis l'intervention militaire au Mali.

14 janv. 2013, 15:47
Denis Allex aurait été tué après l'échec de la mission de sauvetage par les forces armées françaises.

Les insurgés islamistes shebab en Somalie ont annoncé lundi la mort d'un soldat français blessé lors d'une action commando de Paris. Ils ont même publié des photos. L'opération n'avait pas réussi à libérer un otage français détenu depuis plus de trois ans.

"Le soldat français qui faisait partie de l'invasion française de la Somalie est mort de ses blessures," a déclaré par téléphone un porte-parole militaire des shebab, Abdulaziz Abu Musab. "Notre équipe médicale a tenté de l'aider, mais il n'a pas eu de chance. Sa blessure était grave. Le haut-commandement des shebab décidera lors d'une prochaine étape" de restituer ou non son corps, a-t-il ajouté.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a implicitement confirmé lundi la mort de ce soldat d'abord présenté par Paris comme tué dans l'opération avant d'être considéré comme "porté disparu".

Il a également dit craindre, de la part des insurgés somaliens, une "mise en scène macabre" de son corps et de celui de l'otage, Denis Allex - probablement un pseudonyme -, un agent des services français de renseignement extérieur (DGSE) enlevé le 14 juillet 2009 à Mogadiscio et présumé mort depuis l'opération qui n'a pu l'arracher à ses geôliers.

Mise en scène du cadavre

Ce qui n'a pas manqué: les shebab ont publié dans la journée sur leur compte Twitter trois photos du cadavre d'un homme blanc, présenté comme le chef du commando ayant échoué à libérer l'otage français.

"Le commandant français tué durant l'opération de secours bâclée à Bulomarer", indique la légende de la première image, sur laquelle apparaît un jeune homme aux cheveux courts, du sang séché sur le visage, vêtu d'un pantalon clair et d'une chemise sombre dont dépasse une chaîne et une croix chrétienne.

"François Hollande, cela en valait-il la peine?", dit la légende de la deuxième photo sur laquelle le corps apparaît en plan plus large, à côté de matériel militaire, dont des armes, des chargeurs, un gilet pare-balles, un casque, un sac à dos et du matériel optique.

Sur ses jambes sont posés une arme de poing et un fusil d'assaut, tous deux munis de silencieux et de couleur camouflage. L'homme décédé porte des chaussures de type militaire et un gant de protection à la main droite.

Otage toujours vivant

Les shebab affirment en outre, sans en avoir pour l'heure fourni la preuve, que l'otage est toujours vivant et ont dit vouloir le juger d'ici lundi soir. M. Le Drian a de son côté déclaré lundi que "tout (...) laisse à penser que l'otage a été assassiné et que l'autre soldat a été tué", sans préciser les circonstances de leur décès.

Une source proche du dossier a indiqué à l'AFP que le militaire avait été tué durant le raid, mené dans la nuit de vendredi à samedi à Bulomarer, localité sous contrôle des islamistes au sud de Mogadiscio, et que son corps était resté sur place. Un autre soldat français a été tué mais son corps avait pu être récupéré.

Selon cette même source, l'otage Denis Allex a été tué dans la maison où il était détenu. L'opération commando menée par le Service Action (SA) de la DGSE (Direction générale de sécurité extérieure) s'est soldée par un échec et a fait, selon le ministère français de la Défense, 20 morts: l'otage, les deux soldats français et 17 "terroristes".

Captivité la plus longue après Betancourt

Selon des témoins à Bulomarer, huit civils somaliens ont péri durant le raid, certains abattus par des commandos français. Selon une source dans les milieux du renseignement français, au moins cinq hélicoptères ont débarqué au milieu de la nuit une cinquantaine de militaires à trois kilomètres de Bulomarer, où était localisé l'otage.

Depuis qu'ils ont été chassés de Mogadiscio par une force de l'Union africaine (UA), en août 2011, les shebab ont essuyé une série ininterrompue de revers militaires, face à une coalition d'armées régionales mieux équipées, qui les a privés de la totalité de leurs bastions. Ils contrôlent néanmoins encore de larges zones rurales du sud et du centre de la Somalie.

La captivité de Denis Allex est la plus longue d'un otage français à l'étranger, derrière celle de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, qui a été détenue plus de six ans par les guérilleros colombiens.

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